mercredi 6 novembre 2019

Child Bite / Brain Tentacles - split





Publié par le label Learning Curve à l’occasion d’une tournée commune entre Child Bite et Brain Tentacles – en fait seulement cinq dates effectuées début septembre 2019 et quelques zigzags entre Chicago et Cincinnati, wow – ce petit 45 tours vaut tout d’abord pour sa présentation : une pochette conçue, imprimée et assemblée à la main par deux membres de Child Bite avec une découpe laissant apparaitre une partie de l’insert imprimé en argenté ; le vinyle en lui-même est transparent et tout ça a vraiment de la gueule. Chaque groupe présente un titre réputé inédit (pour l’instant).

Coté Child Bite on ne s’est malgré tout pas spécialement foulé. Nerve Quake est une composition signée Stu Spasm, autrement dit il s’agit d’une reprise des aussi infâmes que géniaux australiens Lubrificated Goat, un titre bien bouseux ici en version plutôt accélérée puisque Child Bite la raccourcit de pas moins d’une minute sans pour autant rajouter une once de folie ou de saleté à la version originale… La discographie de Child Bite est aussi étonnante que l’évolution du groupe. Pour ma part j’ai un peu décroché après les deux 10’ Monomania (2012) et Visions Crime (2013) chez Joyful Noise recordings et plus tard compilés sur un même album. Il est parfois difficile de croire que c’est bien le même groupe qui a sorti Wild Feast en 2006 et Negative Noise en 2016*. La musique des quatre de Detroit, à ses débuts sorte de version énervée de Père Ubu, s’est peu à peu muée en hardcore noiseux certes alambiqué mais moins pertinent – pendant ce temps là le chanteur Shawn Knight (et je crois seul membre permanent) est passé petit à petit d’une imitation assez convaincante de David Thomas à celle plus forcée d’un Jello Biafra vieillissant. Peut-être que je changerai d’avis avec le nouvel album que Child Bite s’apprête à publier sur Housecore records : il s’intitule Blow Off The Omens et s’annonce encore plus énervé, plus massif et plus lourd que tous ses prédécesseurs réunis. Gloups.

La seule chose dont je suis certain à propos de Blow Off The Omens est qu’il comporte quelques invités de marque et que parmi ceux-ci figure le chanteur et saxophoniste Bruce Lamont que l’on retrouve, attention suspens insoutenable, dans Brain Tentacles qui occupe donc l’autre face de ce 7’. Le line-up du groupe est complété par rien de moins qu’Aaron Dallison (de Keelhaul !) à la basse et Dave Witte (Discordance Axis, Burnt By The Sun, Melt Banana, Atomsmasher, Municipal Waste et tant d’autres…) à la batterie, oui ce type est aussi incroyable que sa discographie est pléthorique. Mais revenons à ce split : Yes, la contribution de Brain Tentacles n’est absolument pas une reprise de qui vous savez mais bien une composition originale. On y retrouve le mélange si particulier du trio excluant toute trace de guitare saturée ou non et basé sur une rythmique à la fois complètement folle et ultra puissante – on s’en serait douté. Comme j’aime bien les raccourcis stupides et limitatifs – de toute façon je te rappelle que présentement tu es en train de perdre ton temps sur les internets pour y lire une chronique de disque – j’affirmerais que Brain Tentacles est une sorte de Blurt en version hardcore métallisé mais avec un sens mélodique à la limite du simplisme et que Bruce Lamont est très bon dans son rôle de Ted Milton croisé Glenn Danzig sous champignons. Moi je suis fan et puis l’automne c’est la saison des champignons, non ? Je me prends à espérer qu’un jour Brain Tentacles donnera une suite à son seul et unique album sans titre publié en 2016 même si j’ai beaucoup plus de chance de déguster bientôt une bonne fricassée de girolles que de voir mon souhait se réaliser. Yes se veut à la fois rassurant sur la bonne santé de Brain Tentacles mais reste totalement frustrant. Trop bon mais trop court.

[ce très joli split 7' pour collectionneurs et fétichistes est publié à 500 exemplaires par Learning Curve records]

* je trouve assez symptomatique que le b*ndc*mp de Child Bite ne remonte pas au delà de l’année 2012, occultant ainsi les trois premiers albums du groupe…