Ah ouais… Je ne me rappelle même plus pourquoi il y a quelques semaines ou peut-être même bien quelques mois – oui je traine… – j’avais vaguement promis que j’allais chroniquer cet album. Parce que je connais les types du label et qu’ils me paient une bière tiède à chaque fois qu’ils co-organisent un concert dans une cave lyonnaise (parce qu’en plus, oui, ils organisent des concerts) ? Parce que je connais également un peu deux des gars qui jouent dans ce groupe, si tant est que l’on puisse qualifier MENTAL HYGIENE TERRORISM ORCHESTRA de groupe ? Mais bien sûr que non ! La complaisance c’est de la merde. Comme cette musique, d’ailleurs.
Officiellement Hate Supreme est le premier véritable album de Mental Hygiene Terrorism Orchestra qui depuis 2008 a publié nombre de cassettes, de CDr et autres déjections sonores sur supports en plastique, y compris un split 7’ avec Jean-Louis Costes. Et puis ce titre… Hate Supreme… Il ne te rappelle vraiment rien ? Allez, je t’aide un petit peu : regarde bien la trop jolie pochette dessinée par Ivan Brun. Alors ? Évidemment le garçon prude, timide mais intransigeant et profondément sectaire qui sommeil à peine en moi devrait peut-être s’offusquer de cet hommage à l’envers à John Coltrane, le DIEU de la musique et dont je suis hyper fan. Je crois même que j’ai encore plus de disques de Coltrane à la maison que je n’ai de champignons infectieux entre les doigts de pieds. Mais j’aime surtout cet humour dégueulasse qui consiste à ne rien respecter. Si donc tu n’arrives toujours pas à savoir si tu es réellement préparé ou non à rire un bon coup il ne te reste que deux solutions : tu respires un bon coup et tu continues la lecture de cette chronique qui de toute façon échouera complètement à te donner envie de faire l’acquisition d’un tel disque ; ou alors tu éteins ton excroissance numérique et tu passes l’aspirateur dans ton garage en attendant le début de Jazz A Vienne (encore une super affiche cette année : Ben Harper, Bobby McFerrin, Chick Corea, Kassav, Diana Krall et Thomas Dutronc… du vrai jazz comme je l’aime et même la présence de l’autoproclamé démiurge John Zorn ne parvient pas à entacher la qualité d’une telle programmation).
Contre toute attente Hate Supreme commence presque comme un vrai disque. Avec des musiciens qui nous font le coup du faux départ à répétition et de la mise en place : « attention les gens, on va essayer d’improviser comme des oufs alors il faut juste qu’on s’échauffe un petit peu avant ». Elle est bien bonne celle là. Pourtant il est vrai que le disque monte en puissance rapidement et qu’il va finir par tutoyer puis atteindre quelques sommets de bordel noise-grind mélangé à de la freeture incandescente et d’un peu – parfois beaucoup – de bruitisme cheapos. Mental Hygiene Terrorism Orchestra joue avec nos nerfs en multipliant les arrêts brutaux et impromptus – je ne peux qu’y voir encore une allusion irrévérencieuse et moqueuse envers tous les musiciens trop sérieux de jaaaaasssszz et autres musiques savantes qui jouent des partitions très compliquées en échangeant des airs entendus au moment où ils pensent réellement qu’ils vont créer la surprise du siècle, mouhaha –, le saxophone vocifère, la batterie n’en peut plus de débouler des blasts incontrôlables, des passages inconfortablement grésillants aèrent l’ensemble, un trombone inconséquent se met en embuscade tandis que la basse terrasse le sol en profondeur pour nous faire goûter aux délices d’un monde vacillant recouvert de détritus humains et de déjections animales (ou l’inverse, puisque les hommes sont des animaux comme les autres).
Le groupe massacre au passage le Take Five du Dave Brubeck quartet pour l’occasion renommé en Take Shit et là je n’en peux plus, j’ai soudainement envie de me chier dessus, auto brown shower et masturbation frénétique (un animal, je te l’ai déjà dit). Normalement c’est à ce moment là que je me sens presque obligé de dégainer ma citation préférée de Friedrich W. Nietzsche sur le caractère essentiel et salvateur de la musique dans un monde de brutes épaisses et de sauvages consanguins mais pour cette fois je me contenterai humblement de me citer moi-même : si c’est trop fort c’est que tu n’es pas encore assez sourd.
Le groupe massacre au passage le Take Five du Dave Brubeck quartet pour l’occasion renommé en Take Shit et là je n’en peux plus, j’ai soudainement envie de me chier dessus, auto brown shower et masturbation frénétique (un animal, je te l’ai déjà dit). Normalement c’est à ce moment là que je me sens presque obligé de dégainer ma citation préférée de Friedrich W. Nietzsche sur le caractère essentiel et salvateur de la musique dans un monde de brutes épaisses et de sauvages consanguins mais pour cette fois je me contenterai humblement de me citer moi-même : si c’est trop fort c’est que tu n’es pas encore assez sourd.
[Hate Supreme a été publié le 1er avril par Lixiviat records (donc) en coproduction avec Deaf Death Husky, Grinding Rebellion records, Krist’ Off et Repulsive Medias et c’est un 10’ qui tourne pas rond à la vitesse de 45 rotations par minute]