samedi 29 juin 2019

Comme à la radio : Grindhouse





Que faire lorsque l’été dépasse les bornes – l’été n’est pas vraiment gentil –, que la canicule nous transforme nous autres pauvres mortels sado-masochistes en nuggets de poulets sauce barbecue, que l’asphalte fondu ressemble à un long fleuve tranquille de coca-cola et que la sécheresse rend les fruits et légumes de nos jardins aussi rares que l’intelligence dans un scénario de film de super-héros et aussi chers qu’un transfert du mercato d’été ?
Et bien ne faisons rien et continuons vaille que vaille. Par exemple continuons à installer des appareils de climatisation pour refroidir nos douillets intérieurs et réchauffer encore plus l’extérieur – qui appartient à tout le monde mais faisons comme si le monde n’existait pas. A défaut d’avoir le droit de polluer avec un bon vieux diesel qui pue continuons à utiliser des moyens de locomotion électriques parce que l’électricité ça ne se voit pas et donc cela ne pollue pas (en plus marcher à pied ou faire du vélo c’est trop fatigant). Continuons à imaginer un monde nouveau où il faudra payer pour respirer un air à peu près pur et sain.

J’ai besoin d’un peu de légèreté. Au moins de respirer. 

 


Oui, bon, je te vois venir de loin avec tes remarques, GRINDHOUSE n’est pas vraiment un exemple de franche légèreté. Ces australiens sont même délicieusement décadents pour ne pas dire consciencieusement crétins mais également plus subversifs qu’on ne le pense : le « Commodore » du titre de leur troisième album fait référence à un modèle de voiture (oui ça craint), le groupe a composé un hymne en hommage à Eric Estrada (Chips pour les intimes), ses membre sont plus ou moins déguisés sur scène ou alors jouent à moitié à poil, le chanteur/guitariste Mick ‘2 fingers’ Simpson dévoilant non sans arrière-pensées libidineuses un durillon de comptoir surdimensionné. 

Musicalement Grindhouse taille la route derrière les Cosmic Psychos, les Dwarves ou les Supersuckers et je rajouterais même une pointe de Turbonegro – le vrai Turbonegro, celui de Ass Cobra et d’Apocalypse Dudes, avant que le groupe ne se transforme en rip off de Mötley Crüe – pour le côté intérieur queer à paillettes de certaines compositions en mode hot rods surchauffés. Pourtant j’ose affirmer que Grindhouse, derrière le côté débile puissance mille de sa musique, possède un réel talent de composition, ses chansons punks pouvant se teinter de ce petit feeling australien qui colle à la peau (les accents de crooner rock’n’roll du chant dès le titre d’ouverture Peter Brock Built My Hot Rod). La première face de Can I Drive Your Commodore ? est ultra rapide et énervée – Zeke n’a qu’à bien se tenir – tandis que la seconde privilégie les mid-tempos et c’est grâce à cette seconde partie du disque que l’on prend pleinement conscience que les australiens sont peut être des clowns dégénérés adeptes du stupido punk mais qu’ils possèdent également la grande classe des causes extravagantes et insensées.

[Can I Drive Your Commodore ? est le troisième album de Grindhouse, il a d’abord été publié en 2018 avant d’être réédité tout récemment en vinyle rose tacheté et tournant en 45 rpm par le label lyonnais Dangerhouse Skylab]

vendredi 28 juin 2019

Going Underground



[ceci est une page de publicité]






Le projet GOING UNDERGROUND a été initié par un gros illuminé du Zèbre et consiste en une exposition de photographies de groupes basés à Lyon et alentours (Saint Étienne bien sûr) accompagnée d’un livre intitulé Je Suis Souterrain – à moins que ce ne soit l’inverse : l’exposition accompagnant le livre (aucune importance, non ?). Tous ces témoignages couvrent une période allant grosso modo de 1982 à 2019.  

Si donc tu en as vraiment marre de regarder des photos de concerts sur l’écran 5 pouces de ton téléphone mondialisé cette exposition est faite pour toi avec ses quarante clichés de groupes issus des scènes underground, alternative et indépendante de Haine Brigade à Horsebites, en passant par Parkinson Square, Deity Guns/Bästard/Zëro, Condense, Ned, Sheik Anorak, Brice Et sa Pute, Binaire, The Buttshakers, Chevignon, Red ou Venin Carmin, etc.

Le livre Je Suis Souterrain reprend les photos de l’exposition – avec entre autres photographes Romain Etienne, Fred Boivin, Isabelle Chenard ou Raphael Labouré / Rä² – plus quelques autres bonus et madeleines DIY (encore des photos, des affiches et flyers, etc). Le tout illustre des textes complètement subjectifs, drôles voire déraisonnables écrits par quelques plumes acérées parmi lesquelles on peut citer Atlantide Merlat, Céline Passerieu, Gilles Garrigos, François Tong, Marco Jéru, Sly, Sylvain La France Pue, Laurent Zine, Virginie Despentes, Nicolas Bonnier, Marc Uhry, et beaucoup dautres…

Dans cette exposition et ce bouquin il y a forcément quelques groupes que tu aimes (ou que tu adores*), d’autres que tu détestes vraiment et certains dont tu n’as jamais entendu parler alors, si tu traines dans le coin, le vernissage / sortie du livre / pince-fesses a lieu aujourd’hui vendredi 28 juin à partir de 19h00 à la Maison des Associations au 28 rue Denfert-Rochereau Lyon 4ème, c’est gratuit et en plus il y aura un concert avec l’Ensemble de guitares Gilles Laval**.


* en photo : The Good Damn à l’Epicerie Moderne le 26 octobre 2011
** photo de lintéressé non contractuelle

mercredi 26 juin 2019

Dead Arms / Simply Dead


Qui n’a jamais assisté à un concert de Dead Arms et se contentera uniquement de jeter un œil sur la pochette de Simply Dead ne pourra jamais deviner de quoi il en retourne exactement avec la musique de ce groupe anglais que personnellement je tiens en très haute estime. Ce n’est peut-être qu’un simple détail pour toi mais moi je suis de la vieille école, celle de l’« objet » (du moins ce qu’il en reste en ce bas monde virtuel et paradoxalement de plus en plus matérialiste), cette école où on passe beaucoup de temps à scruter les pochettes et les notes des disques à la recherche de la moindre information ou de n’importe quelle précision qui fera toute la différence. Sans doute parce que la musique ce n’est pas que de la musique mais bien d’autres choses encore.
Simply Dead est le deuxième album de DEAD ARMS et son artwork aussi naïf que peu explicit est signé Halloway*, Danny de son prénom, et il s’agit du bassiste du groupe (et également celui de USA Nails). Question informations on n’en saura pas beaucoup plus en lisant les maigres notes de la pochette intérieure mis à part que l’album a été enregistré par Wayne Adams au Bear Bites Horse studio durant l’année 2018 ; le bonhomme a enregistré énormément de groupes anglais de cette génération très prolifique et passionnante tels que les déjà cités USA Nails, Death Pedals, Silent Front, etc. mais aussi les derniers albums en date de Gum Takes Tooth** ou de Terminal Cheesecake***. Cela n’étonnera donc personne que Simply Dead sonne incroyablement bien, l’enregistrement étant largement à la hauteur du punk noise de Dead Arms et complètement au service d’un album franc du collier, sauvage, massif et complètement électrisant. 




Il aura fallu cinq années au groupe pour sortir ce deuxième album, le premier – le déjà très bon All The Hits – datant de 2015 et entretemps Dead Arms aura juste publié en 2017 une cassette avec des pré-versions enregistrées en prise directe de quatre compositions dont les versions définitives figurent désormais sur Simply Dead (seule une reprise désossée et hilarante du Relax de Frankie Goes To Hollywood a échappé au lifting définitif). Cette cassette ne laissait entrevoir que de bonnes choses pour la suite mais ne présageait pas à ce point là d’un album d’une telle teneur ni d’une telle qualité. Parce que Simply Dead est tout simplement impérial et foudroyant. Il ne se contente pas d’être un disque furieux et abrasif, Simply Dead est tout simplement grand.
Tout démarre avec Grandad Hates You à la mise en place impeccable : guitare et basse appuyées, mid-tempo pesant et ce chant de malade dont on ne sait trop comment General Waste – un surnom judicieusement choisi – arrive à le faire sortir du plus profond de ses entrailles sans s’arracher les cordes vocales au passage mais dont par contre l’auditeur peut être sûr qu’il va se le prendre en pleine gueule. Une fois que Grandad Hates You a fait table rase les quatre Dead Arms peuvent s’en donner à cœur joie : la musique du groupe est généralement rapide et intense et la suite de Simply Dead va évidemment le confirmer. Comme elle confirmera le talent du groupe pour envoyer des riffs assassins (ceux des intros de Apocalypse Yow ou du génial Tom Hanks) sur fond de rythmiques implacables.
Mis à part Mackaye Corporation qui marque un retour au mid tempo, Simply Dead défile à un rythme proprement infernal pour un enregistrement brut et sauvage et aussi concis qu’un album de punk peut l’être (vingt cinq minutes). Mais il s’agit également d’un album nuancé, qui ne se contente pas de foncer dans le tas et d’étaler ses tripes à l’air libre : Drunk Bananas et son chant plus clair, limite post punk, Kitty’s Lament et ses cassures diaboliques ou Deceptive Carafe et son final imposant pendant lequel le chant répète à l’envie This Is The End / This Is The End / This Is End****… alors non, s’il vous plait et par pitié, ne me dites surtout pas que cette fois c’est vraiment la fin, dites-moi que ce titre d’album n’est qu’un pied de nez ironique et que Dead Arms continuera à faire pulser son punk noise dans nos oreilles meurtries et nos petits cœurs affamés et acharnés pendant encore longtemps.

[Simply Dead est publié en vinyle par Hominid Sounds et Rip This Joint]

* c’est même lui qui a fait tous les artworks de Dead Arms
** le plus que formidable Arrow publié en ce début d’année par Rocket recordings
*** un album dont cette gazette internet parlera bientôt
**** j’ai d’abord regretté que les paroles des chansons de Simply Dead  ne figurent pas dans le disque mais on peut les trouver en allant sur la page b*ndc*mp du groupe, par exemple voilà ce que cela donne pour Deceptive Carafe et en fait les paroles parlent de tout autre chose…

lundi 24 juin 2019

Bleakness + Kaleidoscope + Nosferatu @Grrrnd Zero [20/06/2019]






Pour une fois que je pouvais aller à un concert 1 2 3 4 ! (co-organisé avec Esto Es El Punk) je n’allais pas me priver.

Trois jours après l’ouverture officielle de la nouvelle salle de Grrrnd Zero le contraste était saisissant entre les cinq cent et quelques personnes présentes lundi et le public beaucoup moins nombreux mais à fond (comprendre : personne dehors à boire des bières et parler météorologie pendant les concerts) venu pour les désormais locaux Bleakness, les surprenants new-yorkais de Kaleidoscope et les incroyables Nosferatu d’Austin/Texas. Ces derniers ont mis tout le monde d’accord, les jeunes chevelus torse-nus comme les vieux punks antipathiques et tatoués.  

[plus de photos par ici en mode diaporama et avec un rendu moins dégueulasse]

































































samedi 22 juin 2019

Comme à la radio : Josiah Steinbrick






Meeting Of Waters, premier album et (déjà) petit chef d’œuvre minimaliste et aérien du compositeur américain JOSIAH STEINBRICK, vient d’être réédité par le label Hands In The Dark. La première version (si j’ai bien tout compris sous la forme d’un livre, tirée à très peu d’exemplaires et uniquement trouvable aux États Unis) était épuisée depuis longtemps aussi une telle réédition s’imposait-elle.







Je fonds littéralement face à tant de beauté pure et de simplicité lumineuse : Meeting Of Waters est le travail délicat et gracile (également parcouru par quelques pointes d’humour teinté d’une naïveté apaisante) d’un architecte des sons, des couleurs et des formes et qui à l’opposé de toute abstraction incompréhensible provoque une sensation de plénitude voire de béatitude. Pourtant il n’y a aucune facilité ni aucun angélisme dans la musique de Josiah Steinbrick, une musique que l’on pourrait qualifier de gamelan cosmique et d’exploration zen.

Encore une fois mille mercis à Hands In The Dark pour la découverte et pour son formidable travail, le label annonçant dores et déjà quelques surprises de taille pour très bientôt (mais chut…).  

jeudi 20 juin 2019

300mA + François Virot Band + Mdou Moctar @Grrrnd Zero [17/06/2019]






Opening Night : après des années de travaux acharnés et l’implication de centaines de personnes bénévoles (et oui…) plus ou moins douées pour le bricolage ou la maçonnerie, énormément de persévérance et beaucoup de dévouement, GRRRND ZERO a enfin ouvert sa grande salle de 500 places. Le collectif fêtera bientôt ses quinze ans et cette fois on peut affirmer que c’est bien parti pour durer quinze années de plus.

En attendant, pour louverture, un concert XXL avec 300mA, François Virot Band et Mdou Moctar. AR_CC a également joué ce soir là mais j’ai du déclarer forfait. La quasi-totalité des photos par ici.