J’ai une vague idée maintenant de ce qui a conduit à la mort prématurée de Buzz Rodeo après deux excellents albums – il y a un mois je n’étais même pas au courant de cet épisode, c’est ça de fuir les réseaux sociaux vampiriques où on perd trop de temps à contempler le monde qui s’effondre autour de nous et à s’occuper des petites mésaventures personnelles des autres – mais, passées la colère et les inimitiés, le chanteur guitariste Ralph Schaarschmidt a immédiatement réagi et enchainé avec un nouveau groupe, TRIGGER CUT, et un premier album, intitulé Buster.
La formule est la même que précédemment à savoir celle d’un trio guitare + chant / basse / batterie pour un noise rock tendu, serré et bien traditionnaliste. Il faut tout de suite oublier la référence liée à ce nom de Trigger Cut vraisemblablement pompé de l’un des plus célèbres tubes de Pavement : ici pas de fausse nonchalance, pas de brinquebalements de guitares accordées chelou et pas de canettes de soda tiède mais des références constantes à Jesus Lizard / Shellac / Chicago (la ville, pas le groupe). N’allons pas trop chercher non plus pourquoi l’artwork de Buster est basé sur un tableau de la Renaissance signé Georges de La Tour montrant deux musiciens rougeauds de colère en train se foutre sur la gueule*… par contre Buster a été appelé ainsi d’après le nom du chien de Jim Kimball (Laughing Hyenas, Mule, etc.) et dont une photo apparait même sur le rond central de la deuxième face du disque. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien.
La formule est la même que précédemment à savoir celle d’un trio guitare + chant / basse / batterie pour un noise rock tendu, serré et bien traditionnaliste. Il faut tout de suite oublier la référence liée à ce nom de Trigger Cut vraisemblablement pompé de l’un des plus célèbres tubes de Pavement : ici pas de fausse nonchalance, pas de brinquebalements de guitares accordées chelou et pas de canettes de soda tiède mais des références constantes à Jesus Lizard / Shellac / Chicago (la ville, pas le groupe). N’allons pas trop chercher non plus pourquoi l’artwork de Buster est basé sur un tableau de la Renaissance signé Georges de La Tour montrant deux musiciens rougeauds de colère en train se foutre sur la gueule*… par contre Buster a été appelé ainsi d’après le nom du chien de Jim Kimball (Laughing Hyenas, Mule, etc.) et dont une photo apparait même sur le rond central de la deuxième face du disque. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien.
Et bien amies et amis cynophiles ceci constitue pourtant une information capitale qui nous permet d’affirmer volontiers que Buster est un disque plein de mordant et de hargne (et qui ne manque absolument pas de chien, mouhaha). Je suis complètement estomaqué de constater que Ralph Schaarschmidt a réussi en vraiment peu de temps – moins d’une année pleine – à remonter un groupe qui tient aussi bien la route et qui a pu enregistrer rapidement un album de la trempe inébranlable de Buster. Il y a sûrement une histoire de fierté nécessaire et réparatrice et de défi lancé à soi-même dans toute cette histoire car ce premier album sonne effectivement comme une belle revanche. Et une réussite.
En résumé Buster c’est dix titres gravés selon les us et coutumes d’un noise-rock pur et dur. Mais pas le noise-rock à la Amrep ni le noise-rock new-yorkais, plutôt celui (comme déjà mentionné) lorgnant du côté sec, abrasif et acéré de la chose, sans méchantes traces de gras superflu ni de beuglantes de roquets testostéronés. Le gros des références reste indéniablement du côté de la nombreuse progéniture d’Albini and C° : la guitare brille de cet éclat si particulier de l’aluminium radioactif chauffé à blanc, la basse est tendue comme la corde d’une catapulte à boulettes de viande avariée et la batterie est plutôt imaginative – tiens, en fait lorsque le batteur se lance dans une succession de roulements bien placés j’admets que j’y entends finalement comme un petit côté new-yorkais aliéné. Le chant quant à lui est souvent au bord de la rupture, un peu court en souffle et nasillard mais toujours plein d’exaspération et de rage – je regrette qu’un insert n’ait pas été joint au disque, cela aurait permis d’en savoir un peu plus sur la teneur exacte des paroles en acide nitrique et autres douceurs corrosives.
On sent poindre un petit peu d’ironie qui pique là où ça fait mal (Free Hugs), c’est de bonne guerre si je puis dire et ce n’est pas pour me déplaire mais le gros atout de Tigger Cut c’est avant toute chose cette capacité à toujours défendre des compostions mélodiques au delà de la tension rythmique et de la guitare qui découpe nos nerfs en petits cubes de 1.2 millimètres de côté. Ce ne sont donc pas les tubes qui viennent à manquer sur Buster, à commencer par King Of Inks ou – apparemment Trigger Cut n’aime pas que les chiens mais aussi les poneys magiques – Pony Pony avec son intro plus shellac-quienne que ça tu meurs, un titre dont la captation live semble donner une bonne idée du groupe en concert (en plus de donner envie).
En résumé Buster c’est dix titres gravés selon les us et coutumes d’un noise-rock pur et dur. Mais pas le noise-rock à la Amrep ni le noise-rock new-yorkais, plutôt celui (comme déjà mentionné) lorgnant du côté sec, abrasif et acéré de la chose, sans méchantes traces de gras superflu ni de beuglantes de roquets testostéronés. Le gros des références reste indéniablement du côté de la nombreuse progéniture d’Albini and C° : la guitare brille de cet éclat si particulier de l’aluminium radioactif chauffé à blanc, la basse est tendue comme la corde d’une catapulte à boulettes de viande avariée et la batterie est plutôt imaginative – tiens, en fait lorsque le batteur se lance dans une succession de roulements bien placés j’admets que j’y entends finalement comme un petit côté new-yorkais aliéné. Le chant quant à lui est souvent au bord de la rupture, un peu court en souffle et nasillard mais toujours plein d’exaspération et de rage – je regrette qu’un insert n’ait pas été joint au disque, cela aurait permis d’en savoir un peu plus sur la teneur exacte des paroles en acide nitrique et autres douceurs corrosives.
On sent poindre un petit peu d’ironie qui pique là où ça fait mal (Free Hugs), c’est de bonne guerre si je puis dire et ce n’est pas pour me déplaire mais le gros atout de Tigger Cut c’est avant toute chose cette capacité à toujours défendre des compostions mélodiques au delà de la tension rythmique et de la guitare qui découpe nos nerfs en petits cubes de 1.2 millimètres de côté. Ce ne sont donc pas les tubes qui viennent à manquer sur Buster, à commencer par King Of Inks ou – apparemment Trigger Cut n’aime pas que les chiens mais aussi les poneys magiques – Pony Pony avec son intro plus shellac-quienne que ça tu meurs, un titre dont la captation live semble donner une bonne idée du groupe en concert (en plus de donner envie).
Alors les regrets légitimes accompagnant l’annonce de l’arrêt brutal de l’aventure Buzz Rodeo s’estompent bien vite à l’écoute de Buster : les blessures humaines mettent souvent beaucoup trop de temps à cicatriser mais la musique reste et peut soigner – et celle de Trigger Cut, forcément sous influence des infortunes personnelles de Ralph Schaarschmidt, en vaut complètement la peine. C’est ce que l’on appelle un mal pour un bien et longue vie à Trigger Cut !
[Buster est publié sous la forme d’un combo LP + CD par Token records, label qui me semble avoir été spécialement monté pour l’occasion…]
* son titre est très exactement Rixe Entre Musiciens, sûrement un clin d’œil très sarcastique à ce qui est malheureusement arrivé à Buzz Rodeo ; l’artwork de Buster qui en découle est l’œuvre de Frédéric Bouchet