Le tout premier intérêt des compilations Butcher’s Waltz est de ne proposer que de la musique d’excellente qualité pour toute amatrice et tout amateur de gros noise-rock qui tache ou qui vrille et, plus généralement, de bizarreries électriques incandescentes ; le second est de ne donner à écouter quasiment que des titres inédits : à l’incomparable plaisir de faire des (bonnes) découvertes s’ajoute la satisfaction du complétiste acharné qui par ces temps de téléchargement 2.0 reste toujours à l’affut de nouvelles fraiches d’un groupe déjà connu et apprécié. Le troisième volume de la série Butcher’s Waltz ne déroge pas à la règle puisque on n’y trouvera que des nouveautés, en tous les cas tous les titres figurant ici sont à ce jour inédits et la moitié des groupes ayant participé n’ont que peu enregistré voire pas du tout : le label Learning Curve a encore une fois fait du très bon boulot et, je ne le répéterai jamais assez, cette petite maison de disques basée à Minneapolis est vraiment un incontournable.
Le disque démarre en mode pétarade avec DEAD. Malgré un nom très passe-partout ces australiens ne sont pas des anonymes, ils sont même passés par l’Europe en 2017 lors d’une tournée commune avec leurs copines et copains de MoE (excellent souvenir du Gaffer Fest…) et bien que la formule basse/batterie + chant de Dead rappelle un peu beaucoup celle de Big Business ce duo des antipodes est beaucoup plus enclin aux débordements et aux facéties. Techniquement Big Plates prend la forme d’une courte introduction sonore, il s’agit en fait de la captation d’une ambiance de restaurant ou de repas bien arrosé (?) avec rires gras et grosses blagues ; le plat de résistance (si je puis dire) vient tout de suite après avec Commander qui fait la démonstration de toute la lourdeur furibarde et chauffée à blanc dont peut être capable Dead – rythmique appuyée, riffs de maniaque et chant d’ostrogoths – avec en plein milieu un passage très calme qu’il me semble bien reconnaitre, j’imagine que le duo avait du jouer cette excellente composition lorsque je l’avais vu en concert il y a deux ans… En tous les cas voilà une bien belle entrée en matière.
LARDO prend la suite avec trois titres rien que pour lui. Le trio a beau être originaire de Chicago et avoir enregistré son deuxième album Sinking aux studios Electrical Audio il ne possède pas vraiment le son typique de toute cette scène noise-rock décharnée et névropathe et ne joue pas la même musique non plus. Celle de Lardo peut sembler bien légère et presque aigrelette (surtout après celle de Dead) mais le groupe développe son propre truc avec un chant plutôt juvénile (trop ?) et une basse très en avant. Ce n’est pas du tout post-punk au sens classique du terme car il y a trop de sous-entendus pop déglingués et de digressions noisy dans la musique de Lardo ; si les deux premiers titres proposés par le groupe manquent parfois leur cible, le troisième intitulé Larunda dévoile un charme dangereux, notamment grâce à une guitare plus présente qui semble avoir pour seul et unique but celui de nous percer les tympans et de nous faire vraiment mal. A suivre.
LARDO prend la suite avec trois titres rien que pour lui. Le trio a beau être originaire de Chicago et avoir enregistré son deuxième album Sinking aux studios Electrical Audio il ne possède pas vraiment le son typique de toute cette scène noise-rock décharnée et névropathe et ne joue pas la même musique non plus. Celle de Lardo peut sembler bien légère et presque aigrelette (surtout après celle de Dead) mais le groupe développe son propre truc avec un chant plutôt juvénile (trop ?) et une basse très en avant. Ce n’est pas du tout post-punk au sens classique du terme car il y a trop de sous-entendus pop déglingués et de digressions noisy dans la musique de Lardo ; si les deux premiers titres proposés par le groupe manquent parfois leur cible, le troisième intitulé Larunda dévoile un charme dangereux, notamment grâce à une guitare plus présente qui semble avoir pour seul et unique but celui de nous percer les tympans et de nous faire vraiment mal. A suivre.
On retourne le disque pour écouter la deuxième face et c’est le gros choc : NOVACRON est un groupe complètement inconnu au bataillon – du moins en ce qui me concerne – mais il est formé de musiciens qui ont déjà beaucoup fait parler d’eux puisque après quelques recherches il s’avère que Novacron a été formé par Paul Erickson (Hammerhead/Vaz), Adam Marx (Seawhores) et Shawn Walker (Gay Witch Abortion). Avoir un line-up aussi prestigieux n’est pas forcément synonyme de réussite musicale mais dans le cas de ce trio all-stars il faut bien avouer que si, tant White Chalk présente déjà nombre de qualités essentielles et incontournables, à commencer par ce mélange toujours aussi spectaculaire d’accroche mélodique et de furiosité massive – le néologisme est l’ami incontournable de toutes les musiques et bien évidemment on peut reconnaitre dans White Chalk la patte décisive du géant Paul Erickson, toujours en aussi grande forme.
Le groupe d’après s’appelle MARX et de lui on ne saura pas grand chose si ce n’est qu’il ne s’agit pas réellement d’un groupe mais du projet solo de ce même Adam Marx mentionné juste au dessus au sujet de Novacron et de Seawhores. Le bonhomme est même illustrateur… en tous les cas il est seul maitre à bord sur Jaundice, un drôle d’objet arty-noise tourbillonnant qui donne envie d’en entendre beaucoup plus tant cette composition bricolée en solitaire et doté d’un chant que l’on dirait capté depuis l’intérieur d’un four à micro-ondes bloqué sur le programme décongélation rapide se révèle aussi étrange que bien menée. Mais ce type est-il réellement sain d’esprit ? Sûrement autant que vous et moi.
WAILIN STORMS est avec Dead l’autre groupe de ce troisième volume de Butcher’s Waltz à déjà bénéficier d’une reconnaissance certaine dans les milieux autorisés grâce à ses deux derniers albums impeccables et bien chargés en swamp punk macéré (One Foot In The Flesh Grave en 2015 et Sick City en 2017). Et pour être honnête c’est précisément à cause de Wailin Storms que je me suis d’abord intéressé à cette compilation. Don’t You Wish Her Well ne déçoit pas bien qu’il n’apporte strictement rien de nouveau à ce que l’on connait déjà du groupe de Caroline du Nord, même lyrisme écorché, même odeur de transpiration, même fougue meurtrie et même passion. Un peu théâtrale et même parfois grandiloquente la musique de Wailin Storms reste malgré tout toujours aussi instinctive et prenante et donc douloureusement savoureuse – ce qui me fait dire qu’il serait largement temps que ces américains enregistrent un nouvel album, non ? Et puis tant que j’y suis j’aimerais également une tournée européenne avec une date à moins d’une demi-heure de chez moi (à vélo). Oui je rêve. Ça sert à ça la musique.
[Butcher’s Waltz Volume 3 tourne en 45 tours, dure 31 minutes, a été publié en vinyle par Learning Curve et son artwork est l’œuvre de Jim Blaha de The Blind Shake]