L’heure est au combat pour THALIA ZEDEK. Cela fait quelques temps que la chanteuse et guitariste
de Boston a collé un gros autocollant FCK NZS bien visible sur la caisse de sa
guitare, un peu comme Woody Guthrie avait inscrit This Machine Kills Fascists sur la sienne dans les années 40. La
filiation avec le chanteur folk ne me parait pas si incongrue que cela, c’est
celle des protest songs mais aussi des chansons éminemment personnelles où les
sentiments et leur questionnement occupent une place centrale (ce n’est pas un
hasard non plus si Zedek s’est également essayée dans le passé à reprendre Bob
Dylan, dont l’une des influences majeures est précisément Woody Guthrie).
Car si Thalia Zedek est la fille du punk et de la noise – avec ses groupes Uzi, Live Skull puis, dans une moindre mesure, Come –, si les excès d’électricité ne lui ont jamais fait peur, bien au contraire, elle est avant tout une interprète de l’intime et des entrailles : elle parle de ce qui la touche, de ce qui la révolte, de ce qui lui fait du mal, de ce qu’elle ressent, elle parle beaucoup d’elle mais surtout elle nous parle à nous. Ou plutôt sa musique – et sa voix – s’adresse directement à nous, comme dans une sorte de conversation privée et privilégiée tout en gardant cette capacité à s’adresser à quiconque voudra écouter. Ça, c’est que l’on pourrait appeler un miracle.
Car si Thalia Zedek est la fille du punk et de la noise – avec ses groupes Uzi, Live Skull puis, dans une moindre mesure, Come –, si les excès d’électricité ne lui ont jamais fait peur, bien au contraire, elle est avant tout une interprète de l’intime et des entrailles : elle parle de ce qui la touche, de ce qui la révolte, de ce qui lui fait du mal, de ce qu’elle ressent, elle parle beaucoup d’elle mais surtout elle nous parle à nous. Ou plutôt sa musique – et sa voix – s’adresse directement à nous, comme dans une sorte de conversation privée et privilégiée tout en gardant cette capacité à s’adresser à quiconque voudra écouter. Ça, c’est que l’on pourrait appeler un miracle.
Ainsi Thalia Zedek ne se laisse pas faire : Fighting Season est comme son nom l’indique un album pugnace et
entêté. Et d’une incroyable beauté. Les combats de la chanteuse sont donc aussi
« politiques » que personnels, ils n’ont rien de fondamentalement frontal
dans leur façon d’être ici exprimés mais sont autant de prétextes à des
déferlantes de poésie. La capacité de Zedek à transmettre et à verbaliser sa rage, sa
tristesse, ses inquiétudes et ses espoirs sans pour autant donner dans
l’agressivité de la démonstration, de l’affirmation et de la revendication est
un talent plus que formidable : il est inestimable. De la même façon ou
presque la musique n’a rien de menaçant, entre balades blues rock à peine
électrifiées (Bend Again, Fighting
Season, Ladder et The Lines), complaintes folk ou
vaguement country (What I Wanted) et tirades
poétiques (The Tower).
Et puis il y faut nécessairement parler
du groupe qui accompagne Thalia Zedek
et dont certains musiciens la suivent fidèlement depuis des années : en
effet cette chronique aurait du mentionner Thalia
Zedek Band* tel que l’indique la pochette du disque. C’est que le piano et
encore plus le violon sont en quelque sorte les armes non revendiquées de la
musique de Zedek – elle reste malgré tout l’unique compositrice et l’unique auteure
du disque – ce qui fait sa particularité et, si j’osais, son essence secrète,
comme les ingrédients mystérieux d’une recette magique. D’autant plus que le
mix de Fighting Season n’avantage ni
le piano ni le violon, comme pour tout bon disque de chansons qui se respecte
c’est la voix abimée, vivante et survivante de Thalia Zedek qui occupe la première place. Cette voix qui n’aura
jamais semblé aussi fragile et déterminée, ténue et affirmée, émotive et forte.
Avec Fighting
Season Thalia Zedek signe
indiscutablement son plus meilleur album à ce jour – du moins parmi ceux
enregistrés sous son nom – et elle confirme qu’elle reste l’une des musiciennes
américaines parmi les plus importantes du rock indépendant américain de ces
trente dernières années. Elle est même dans une forme artistique resplendissante
puisque en début d’année elle avait déjà publié avec le groupe E l’album Negative Work qui est l’un des
disques les plus impressionnants de 2018 – sans compter que le concert qui avait suivi au Sonic lors de la tournée européenne du
groupe était pas loin d’être fabuleux. Alors, même si Thalia Zedek ne récoltera jamais toute la reconnaissance qu’elle
mérite, ne passez pas à côté de ce Fighting
Season aussi indispensable que bénéfique et à la beauté aussi émouvante qu’imposante.
* Winston Braman à la basse ; David
Curry au violon alto ; Mel Lederman au piano ; Jonathan Ulman à la
batterie – mais Fighting Season voit
aussi l’apparition à la guitare de J Mascis ainsi que celle de l’éternel ami et compagnon de
route Chris Brokaw