lundi 13 août 2018

Tongue Party / Looking For A Painful Death







Fini la rigolade. Et place à ce bon vieux noise rock à papa à la fois confortablement sauvage, grésilleux et savamment hargneux. C’est que les TONGUE PARTY ne font pas dans la dentelle et la finesse, nous rappelant avec une naïveté presque touchante tout au long de leur premier album (après une petite poignée de CDr ou de formats courts dont un split en compagnie de USA Nails) les us et coutumes dont la noise américaine nous a déjà abreuvé dans les années 90 – ici plutôt option tiens voilà du boudin et école AmRep c’est-à-dire du gras, du massif et du bruyant, à la différence de l’école Chicago qui opte elle pour le sec, le tendu et l’aiguisé et c’est toujours la même histoire, somme toute : les bourrins qui pissent du cul contre les intellos qui gerbent de l’acide.

Nous voilà donc en compagnie d’une bande de jeunes gens à la langue bien pendue (ils ne doutent de rien) et aux grosses guitares. Avec un album au titre qui ne laisse aucune incertitude sur les intentions de ce groupe de Minneapolis ni aucune place à l’imagination et à la poésie : Looking For A Painful Death est bien ce brûlot attendu et prévisible, cette incitation à la violence, à la débauche et à l’oubli. La guerre, la destruction et la mort si tu veux mais la guerre moi je n’aime pas ça, comme je n’aime pas le sport, noël, la soupe d’artichauts, le dubstep, le travail, la viande au barbecue, les voitures et le vin rosé. 
Et c’est vraiment bien foutu dans le genre, le label Learning Curve – également de Minneapolis – ayant une fois de plus eu le nez creux en signant ces furieux jouvenceaux qui comme tous les jeunes gens légitimement insouciants mais déjà perclus de désillusions ne perdent pas leur temps en conjonctures inutiles et vont droit au but. Vingt trois minutes c’est à peu près le temps que dure Looking For A Painful Death, un album bourré d’éclats de verre dans la gueule, de sang dans la bouche et de crasse entre les orteils de doigts de pieds.

Mais pas trop non plus. La première – et principale – chose qui se remarque avec Looking For A Painful Death c’est son côté efficace, un peu comme si Tongue Party avait glissé une bonne dose de polymétal mimétique dans son noise rock pour nous exterminer tous façon apocalypse cybernétique du jugement dernier. Le groupe (ou le label ?) a ajouté le mot-dièse stoner dans son descriptif mais ce n’est pas vraiment cela non plus, en tous les cas pas comme le font leurs confrères de Whores., par exemple. Avec Tongue Party tout est systématiquement joué pied au plancher, avec une virilité exaspérante et sans aucune classe. On écrase tout, on repasse par-dessus et puis on enchaine : Looking For A Painful Death deviendrait lassant à force d’uniformité et de banalité s’il n’était pas aussi court et furibard. 
Mais on attend un peu désespérément un ou deux titres beaucoup plus longs et surtout beaucoup plus lourds et poisseux où le groupe prendrait enfin le temps de nous tarauder et de nous faire saigner. L’introduction de Is It Really That Good ? n’est qu’un leurre et la fin de Sweaty Dollar reste insuffisante alors que This Exists puis Make A Friend Earn A Debt et son final pyrotechnique révèlent enfin quelques nuances et changements de positions. Pour ma part je vais donc attendre un éventuel deuxième album de Tongue Party pour, peut-être, tomber sous le charme de ce noise-rock trop intentionnel et trop léché.