Voyage dans le
vide ? Vers nulle part ? Je n’avais pas spécialement envie ni
ne ressentais la nécessité absolue de chroniquer le sixième album de BLOCKHEADS, un groupe qui n’a vraiment plus
rien à prouver, qui dégueule son pessimisme combatif à longueur (!) de poussées
grindcore old school d’une violence et d’une noirceur rarement égalées. Et puis
je me suis rendu compte – c’est écrit sur l’insert à l’intérieur de la pochette
gatefold du disque – que cela fait trente ans que les Nancéens braillent leur
colère à la face du monde, gerbent leur bile incendiaire, remettent les pendules
à l’heure d’une conscience politique que rien ne semble pouvoir altérer. Tout
comme la puissance de feu de leur musique, qui sur Trip To The Void* atteindrait presque une nouvelle dimension. Beaucoup de
groupes finissent un jour ou l’autre par délayer leur discours et arrondir les
angles mais dans le cas de Blockheads
on ressent exactement le contraire. Autant de hargne, de vindicte, de sincérité
et de conviction c’est tout simplement aussi beau que stimulant. J’ai bien
conscience que cette malheureuse petite chronique expéditive ne servira pas à grand-chose,
que celles et ceux qui étaient déjà convaincu·es le resteront et que les autres
qui n’en ont jamais rien eu à foutre continueront de regarder ailleurs, dans le
vide (sic) de leur confort et la facilité de leurs certitudes. Mais je reste
persuadé qu’un groupe tel que celui-ci et que la persévérance dont il fait
preuve sont plus que jamais essentiels.
* bndcmp propose une
version largement incomplète de l’album mais on peut l’écouter par ici en intégralité