vendredi 15 avril 2022

Bombardement : Le Futur Est Là

 

Récapitulons : en comptant la démo-cassette de 2016, Le Futur Est Là est le quatrième enregistrement de BOMBARDEMENT, le deuxième avec Oriane au chant et le premier avec des textes exclusivement braillés en français. Le premier 12’ et le 7’ marquaient déjà pas mal de points en matière de grosse furie et de décharges électriques mais avec ce nouveau disque le groupe bordelais (des bouts de Gasmask Terrör, Monarch ou Endless Flood, etc.) repousse encore un peu plus loin les limites de son d-beat éruptif et explosif. On peut toujours décider d’enregistrer plus ou moins le même disque, fidèle à une esthétique aussi marquée que balisée, mais cela n’empêche pas de faire encore mieux à chaque fois ou – dit autrement – cela n’empêche pas de chercher et de trouver le juste équilibre entre tout ce que l’on souhaitait au départ et ce que l’on a réellement réussi à exprimer. C’est, je crois, exactement le résultat auquel est parvenu Bombardement avec Le Futur Est Là.









Le Futur Est Là est sans équivoque, réel, brutal, rageur, ciselé, punk jusqu’à l’os, engagé et il collectionne les riffs mortels et les rythmiques impitoyables avec une telle aisance que l’on ne peut qu’y croire. Surtout, il y a chez Bombardement la caractéristique de deux guitares, des guitares jumelées qui s’envolent régulièrement dans les airs pour des solos qui en mettent plein les oreilles et donnent une belle couleur métallique à la musique. Le côté jouissif des notes suraigües et des sons qui vrillent, un peu comme si Judas Priest faisait des reprises de Discharge tout en lorgnant du côté du thrash de la Bay Area – essaye un peu d’imaginer K.K. Downing et Glenn Tipton qui ne seraient pas encore devenus deux vieux grincheux revanchards et botoxés, malgré tout éternellement complices et complémentaires, grands maitres des guitares assassines. Il y a aussi un peu de Motörhead, principalement sur les compositions les plus lentes (Mille Morts) qui me font plus que jamais penser au swing ravageur et irrésistible de la bande à Lemmy entre la fin des 70’s et le début des 80’s.
Une fois que l’on a bien digéré le passage en force de l’Interceptor V8 de la quatrième à la sixième vitesse et hormis la présence étonnante mais bien fondée d’un saxophone hurleur sur Poison, le changement principal et réellement marquant opéré par Bombardement sur Le Futur Est Là se situe donc au niveau du chant, désormais en français, la langue maudite des musiques électriques avec ou sans prétentions littéraires (mais plutôt avec). Par contre le principe du d-beat et des paroles scandées et répétées à l’envie telles des slogans de colère politique même pas contenue est toujours présent, comme des haïkus aussi aiguisés que des lames de rasoir, des mots qui tranchent net et ne souffrent d’aucune discussion. L’intransigeance à la mesure de la noirceur des sujets abordés. Hurler et hurler encore, crache tes poumons !

[Le Futur Est Là est édité par Destructure et Symphony Of Destruction, comporte huit titres, tourne en 45 tours, dure vingt minutes et n’existe qu’en vinyle noir, la seule couleur véritable de la musique]