Les DEAFKIDS viennent du Brésil et provoquent un engouement certain depuis de nombreux mois/années. Les premiers enregistrements du trio donnent à entendre un punk très épais, très rapide, proche du d-beat ou du crust et dominé par un chant gonflé d’un delay surnaturel et vindicatif. Tous ces disques sont excellents et on peut aisément comprendre qu’ils aient suscité autant d’enthousiasme mais ne nous leurrons pas : les Deafkids seraient originaires de Birmingham, de Séoul, de Limoges ou de San Francisco la musique serait la même, une musique de furieux, une musique fulgurante et à la longue un brin monotone que seules une qualité sonore vraiment roots et une énergie folle parviennent à hisser au dessus du lot. Les personnes qui ont eu l’occasion de voir le groupe à l’été 2018 lors d’une grosse tournée européenne vous l’affirmeront également : Deafkids en concert c’est un sacré machin pysché punk à la limite du tribal qui t’explose à la gueule.
Parmi tous les fans du trio on compte Steve Von Till de Neurosis. Lequel n’a pas hésité trop longtemps avant de signer Deafkids sur Neurot recordings : le mini album Configuração Do Lamento a été la première collaboration entre le groupe et le label et c’est un disque qui montre bien plus d’ambition que tous ces prédécesseurs, au risque de donner parfois dans l’abscons (des passages expérimentaux-rythmiques pas très intéressants) et qui donne un peu de grain à moudre à toutes celles et tous ceux qui jurent leurs grands dieux que la musique de Deafkids posséde un caractère brésilien indéniable : Configuração Do Lamento est la réédition d’une cassette originellement publié en 2016 et n’a donc pas été enregistré spécialement pour Neurot qui a rattrapé au vol un groupe déjà en pleine mutation… CQFD ? Je veux bien admettre que le trio ne demandait qu’à s’exprimer pleinement mais quant au caractère « brésilien » de Configuração Do Lamento… comment dire ? Laissez tomber.
Ce qui nous amène à Metaprogramação. Voilà un album qui pousse le bouchon encore plus loin que Configuração Do Lamento à tel point que les compositions/passages basiquement psyche-punk/d-beat y sont très minoritaires voire inexistants parce que complètement niqués à grands coups de bidouilles psychotropes. Ce Deafkids là n’a plus grand-chose à voir avec celui qui avait enregistré I Am Sickness, The Upper Hand et surtout Six Heretic Anthems For The Deaf. Pour être honnête la logique dans l’évolution de la musique du groupe m’échappe quelque peu alors que Steve Von Till lui semble y avoir toujours cru lorsqu’il écrit « Deafkids is one of the most exciting bands I have heard in a very long time. They are a unique psychoactive journey of Brazilian polyrhythmic percussion, hypnotic chanting, and aggressive repetitive raw punk all echoing out from another dimension […] ».
Moi j’y vois plus un groupe qui a voulu s’amuser un peu plus après avoir passé des années à faire tourner les mêmes rythmiques, les mêmes riffs et les mêmes beuglantes. Un groupe qui a voulu aller voir ailleurs – ce qui est infiniment inestimable – et qui, jamais à court d’idées, a insufflé dans sa musique polyrythmies africaines, tournicotages hallucinogènes et déviances soniques. En fait la démarche de Deafkids me fait penser à celles qu’ont pu avoir en leur temps un Butthole Surfers ou un Terminal Cheesecake, dans ce même mouvement ascensionnel et psychotique d’ampleur. Ce qui est sûr c’est que la musique du groupe n’a toujours rien gagné en brésilien mais que les râleurs – des fois je suis à la limite d’en faire partie – pourront regretter que les trois Deafkids ont pris le risque de se gadgétiser et de se chosifier à l’usage des musicologues barbus, ceux qui s’extasient forcément sur tous ces groupes d’ailleurs. Ce qui me ramène à mes premières réflexions : d’où qu’ils viennent les Deafkids restent un bon groupe et Metaprogramação est un bon disque. J’espère juste que pour la suite le trio ne poussera pas le concept de l’expérimentation trop loin et qu’il reviendra un jour à ses premières amours. Juste un peu mais pas de trop.
Moi j’y vois plus un groupe qui a voulu s’amuser un peu plus après avoir passé des années à faire tourner les mêmes rythmiques, les mêmes riffs et les mêmes beuglantes. Un groupe qui a voulu aller voir ailleurs – ce qui est infiniment inestimable – et qui, jamais à court d’idées, a insufflé dans sa musique polyrythmies africaines, tournicotages hallucinogènes et déviances soniques. En fait la démarche de Deafkids me fait penser à celles qu’ont pu avoir en leur temps un Butthole Surfers ou un Terminal Cheesecake, dans ce même mouvement ascensionnel et psychotique d’ampleur. Ce qui est sûr c’est que la musique du groupe n’a toujours rien gagné en brésilien mais que les râleurs – des fois je suis à la limite d’en faire partie – pourront regretter que les trois Deafkids ont pris le risque de se gadgétiser et de se chosifier à l’usage des musicologues barbus, ceux qui s’extasient forcément sur tous ces groupes d’ailleurs. Ce qui me ramène à mes premières réflexions : d’où qu’ils viennent les Deafkids restent un bon groupe et Metaprogramação est un bon disque. J’espère juste que pour la suite le trio ne poussera pas le concept de l’expérimentation trop loin et qu’il reviendra un jour à ses premières amours. Juste un peu mais pas de trop.
[Metaprogramação est publié par Neurot recordings sous la forme d’un vinyle transparent/laiteux avec une grosse tache noire au milieu ; la pochette se déplie complètement pour former un immense poster avec plein d’illustrations psycho-crypto-strobo-métaphysiques, ce qui nous donne un chouette objet pour les collectionneurs et rappellera aux plus anciens les fameuses pochettes dépliantes des albums de Crass]