jeudi 21 février 2019

Iron Reagan / Dark Days Ahead / split with Gatecreeper


[je vais vraiment finir par croire qu’il n’y a que deux façons de survivre à ses propres contradictions : faire preuve de la mauvaise foi la plus totale ou savoir se moquer de soi-même (ces deux méthodes ne sont pas forcément incompatibles l’une avec l’autre) ; alors autant en profiter pour me vautrer dans les musiques d’une vieille adolescence perdue]




Aujourd’hui pour notre rubrique errance de l’âme et errance du propos voici donc IRON REAGAN : fondé par des membres de Municipal Waste (avec qui le groupe a musicalement pas mal de points communs), de Cannabis Corpse ou de Darkest Hour Iron Reagan plonge tête baissée dans un thrash crossover très années 80. Rien que son nom évoque une période funeste de la vie politique américaine – qui pourtant connaitra toujours pire par la suite… – et musicalement on ne peut avoir aucun doute : Iron Reagan ranime la flamme d’un hardcore crossover et ultra rapide. Son dernier enregistrement publié est un 12’ monoface chez Pop Wig records en novembre 2018. Dark Days Ahead donne à écouter cinq titres courts et véloces, gorgés de riffs d’un simplisme très bay area mais d’une efficacité redoutable – The Devastation en est le parfait exemple. 
Malgré la domination effarante et le tranchant des guitares l’absence totale de solos est ici une très bonne chose comme si pour Iron Reagan la branlette était tout juste bonne pour les groupes de death-tech et autres métalleries prétentieuses. Il ne faut que sept petites minutes pour que le groupe déballe intégralement son programme politique en cinq points (le disque tourne en 45 tours) alors autant dire que tous ces chevelus sont bien plus crusti-punks que la moyenne des crétins-crêteux. Face à tant de fraicheur (haha) on comprend aisément pourquoi Iron Reagan a pu s’éloigner aussi rapidement du statut de simple side project de Municpal Waste et a connu la progression fulgurante que l’on sait, au point de rattraper son illustre ainé et même de l’égaler dans les cœurs cloutés des speed freaks.






Un constat largement renforcé par un split publié en mars 2018 par Earache records et regroupant Iron Reagan et Gatecreeper (ce vinyle 12’ tourne également en 45 tours). Coté Iron Reagan il n’y a aucune surprise, sauf que les cinq compositions présentées par la bande de Tony Foresta sont peut-être un peu moins rapides, un peu plus élaborées et plus complexes que celles présentes sur Dark Days Ahead : le côté métal prédomine cette fois sur le côté punk, il y a plus de breaks et plus de changements de rythmes et sur les deux derniers titres on trouve même de courts solos de guitares avec de vraies notes. Celles et ceux qui apprécient déjà Iron Reagan et en particulier le troisième album du groupe (le trop bien-nommé Crossover Ministry) devraient y trouver leur compte.
La bonne surprise de ce split se situe sur l’autre face :
GATECREEPER est un groupe américain de l’Arizona – le titre de son premier album fait référence au désert Sonoran d’où le groupe est originaire – et joue un death metal très lourd et très épais, chargé d’un groove plombé qui peut rappeler les premiers Entombed et même des fois Autopsy. Gatecreeper joue dans une cour contigüe à celle des finlandais d’Hooded Menace, les deux titres du split (en fait trois mais le premier est une sorte d’introduction pour le deuxième) suintent la lourdeur et la dévastation, les guitares sont accordées très bas, la double-pédale fait des ravages et seul le chant y gagnerait parfois en faisant preuve d’un peu plus de profondeur caverneuse.
Comme à son habitude Earache records a mis le paquet en associant deux formations encore en pleine ascension et issues du métal extrême US... ce disque a été publié à bon escient par le label – encore et toujours prix d’excellence en marketing – puisqu’il remet à la lumière Gatecreeper dont l’album Sonoran Depravation qui date quand même de 2016 (déjà chez Earache et que j’ai écouté depuis) est tout aussi malsain et tout aussi écrasant. Une très bonne découverte, bien qu’un peu tardive en ce qui me concerne, en attendant la suite qui ne saurait trop tarder si j’en crois les bruits de chiottes et les bruissements de cactus parcourant les réseaux sociaux.