lundi 3 septembre 2018

Videoiid / self titled



Je n’avais absolument pas l’intention de reparler de Videoiid ici, en tous les cas vraiment pas de sitôt. Mais apparemment les temps sont difficiles, cette rentrée 2018 donne carrément envie de pleurer (ou de vomir, voire les deux) et les attachés de presse des labels sont toujours aussi intraitables en affaires. C’est uniquement pour échapper à l’insistance redoutable de celui de Gaffer records que j’ai consenti à jeter une oreille sur l’intégralité du premier EP sans titre de VIDEOIID, tout jeune trio formé du côté de Göteburg en Suède : deux guitares, une batterie et des voix braillées.
Et bien m’en a pris, parce que parler d’un enregistrement – ou même simplement annoncer sa parution – en se basant sur l’écoute d’uniquement deux titres c’est mal, c’est vivre avec son temps c’est à dire dans la furie d’internet, le déluge d’informations prémâchées et cependant indigestes, les cascades de jugements péremptoires risquant au mieux l’inexactitude et au pire l’injustice et la médisance, les épanchements nombrilistes, l’arrogance sentencieuse, l’avènement de la démocrature et l’apologie du libéralisme économique dominateur (comment ça, ça n’a rien à voir ?). Mais c’est pourtant ce que j’ai fait.





Donc je recommence. Et je persiste : la musique de Videoiid est d’une verdeur incontestable. Pas que les compositions du trio sonnent pas finies et simplistes, non, parce que cette verdeur là est celle d’un bon foodfight à la purée mousseline moisie, elle pègue comme du jus de chaussettes trouées, du glaviot gluant, du pus de bouton acnéique, du rot gazeux et du résidu d’éjaculation précoce. Sans trop se poser de questions les trois Videoiid revisitent l’urgence no-wave et tout le tralala du barouf arty-noise pour nous pondre une poignée de brûlots naïvement culottés et trépidants, bordéliques et drôles, le tout avec un beau sourire et une joie non feinte.  
Cela n’a rien de festif, non, c’est juste du vacarme assumé (donc : qui se tient malgré tout) joué sans équivoque et qui défouraille. Sachant que le groupe possède également quelques talents pour ne pas se contenter de lâcher que des pets foireux et pour nous trousser du quasi-mélodieux (IWFNANWC) et du fédérateur (Sunn 636). C’est même lorsque Videoiid lève le pied et traverse les territoires d’un indie rock cabossé que le groupe devient totalement convaincant. Et puis, au bout des cinq premiers titres, il y a une belle surprise sous la forme d’une reprise de Suicide : enfin un groupe qui ne pioche pas uniquement dans le répertoire du premier LP d’Alan Vega et de Martin Rev puisque Videoiid s’attaque à Why Be Blue ? (de l’album du même nom, paru en 1992) qui colle parfaitement avec l’esprit de jouvence du trio. Pour finir je rajoute que l’artwork de cet EP est signé Ben Sanair, argument supplémentaire et imparable.

[ce premier EP de Videoiid sera en vente libre dès le 5 septembre et est publié en cassette – bienvenue en 2018 – par Et Mon Cul C'est Du Tofu ? et Gaffer records ; la version numérique est disponible via Atypeek Music]