Cela pourrait être sans fin. Une peine
éternelle et sans apaisement. Ion est
le dernier album en date de PORTAL
(mars 2018) et le plus facilement lisible du groupe en ce sens qu’il permet d’extraire
certaines choses du corps principal, de les déchiffrer et de les en détacher
avant qu’elles ne recollent à l’ensemble. Publié en 2007, Outre est lui considéré, et à juste titre me
semble t-il, comme l’album chef d’œuvre de Portal
tant il est lent, lourd, poisseux, magmatique, définitif et – en opposition à Ion – totalement illisible parce qu’il
ne laisse entrevoir absolument aucune solution. Alors que de Vexovoid (avant dernier album, en 2012) en offrait lui beaucoup
trop et fut une demi-déception.
Cependant il est raisonnable de considérer que Ion est dans la lignée de Vexovoid, mais à une différence près et elle est d’importance : sur ce dernier album Portal n’a pas oublié d’être complètement malade et aliéné (et non pas simplement valétudinaire comme sur le précédent). Et ici le côté plus – presque ? – lisible prend tout son intérêt, surtout lorsque le gluant et le poisseux deviennent quasiment palpable, mais que l’on ne peut pas appréhender et vraiment comprendre tout ce qui se passe, lorsque la monstrueuse vérité nous nargue, comme sur le final de Phreqs où les guitares dérapent dans l’horreur tout en restant irrésistibles, sirènes du désastre et de l’agonie. Qu’est ce qu’il peut y avoir de plus effroyable que d’assister à quelque chose de terrifiant et de ne rien pouvoir faire contre ? L’irrémédiable.
Cependant il est raisonnable de considérer que Ion est dans la lignée de Vexovoid, mais à une différence près et elle est d’importance : sur ce dernier album Portal n’a pas oublié d’être complètement malade et aliéné (et non pas simplement valétudinaire comme sur le précédent). Et ici le côté plus – presque ? – lisible prend tout son intérêt, surtout lorsque le gluant et le poisseux deviennent quasiment palpable, mais que l’on ne peut pas appréhender et vraiment comprendre tout ce qui se passe, lorsque la monstrueuse vérité nous nargue, comme sur le final de Phreqs où les guitares dérapent dans l’horreur tout en restant irrésistibles, sirènes du désastre et de l’agonie. Qu’est ce qu’il peut y avoir de plus effroyable que d’assister à quelque chose de terrifiant et de ne rien pouvoir faire contre ? L’irrémédiable.
Je comprends donc parfaitement toute la
fascination qu’un groupe comme Portal peut exercer, aussi
bien sur les metalleux que sur les non-metalleux. Tout comme je comprends le
rejet que le groupe peut également susciter. La seule certitude c’est qu’entre
les deux il n’y a rien ou pas grand chose, mise à part de l’incompréhension,
c’est-à-dire, finalement, une autre forme de rejet, mais en plus simple et
en moins risqué à exprimer. Or Portal
vomit les tièdes et n’a jamais fait dans la demi-mesure. On imagine mal ces
australiens – ils sont de Brisbane – remballer leur quincaillerie, leurs déguisements,
leurs pseudonymes, leurs multiples références à Howard Philipps Lovecraft et leur
death metal que je n’oserais même pas qualifier d’extrême tant il fait plus que
repousser les limites du genre, le groupe fait comme si il n’y avait pas de limites,
ou plutôt la limite c’est lui et personne d’autre. Ce qui fait dire à beaucoup
que Portal joue du metal expérimental.
Expérimental c’est quand même un peu
chiant comme qualificatif. Un qualificatif qui manque d’envergure parce que
basiquement il signifie que les musiciens de Portal jouent comme des dieux essayant de se faire passer pour des brutes
épaisses. C’est assurément vrai et facilement vérifiable sur Ion mais ce n’est absolument pas le plus
important dans la musique du groupe. Sinon la musique de Portal ne pourrait pas autant s’apparenter à un cauchemar
tentaculaire. Des trucs complètement fous en matière de (death) metal on en
croiserait presque à tous les coins de rue depuis quelques années, je ne parle
pas de ces abrutis en shorts à fleurs qui shredent et qui font du tapping dans
la position du crabe orgueilleux mais de groupes comme Neige Morte, par exemple.
Si Portal a quelque chose en commun
avec ces derniers, c’est l’excellence dans l’art de la description d’une
apocalypse (et il y a autant d’apocalypses que d’êtres vivants). Mais Neige
Morte possède malgré tout quelque chose d’humain, y compris dans le chaos, en
confrontant vie et mort, destruction des âmes et résurrection fantomatique.
Alors que chez Portal il y a rien de
tout ça : Portal est – au moins
dans sa catégorie – le groupe le plus nihiliste que je connaisse actuellement,
interdisant toute échappatoire, dégueulant son death metal comme un acte
destructeur et gratuit, allant plus loin que la description et tentant de s’imposer
dans la personnification, la conscience
dans le mal.