Par pur acquis de conscience – parce que
oui, je fais partie de cette sale race qui est celle des puristes et en plus je
suis suffisamment imbu de moi-même pour prétendre avoir une conscience et la
placer du bon côté – j’ai fouiné une
nouvelle fois dans mes archives. Et au cours de cette petite séance de
spéléologie domestique j’ai exhumé les traces fossilisées de pas moins de trois
albums et de deux 7’ de J.C. Satàn…
Autant dire que les bras m’en sont tombés, comme on dit familièrement… Trois albums ! Deux singles ! Pour un groupe que
j’ai longtemps prétendu ne pas vraiment apprécier voire même détester parfois,
ça fait quand même beaucoup. À croire qu’en fait je suis plutôt un amateur
contrarié de J.C. Satàn et que mes deux
meilleures amies la misanthropie (ma mère me disait tout le temps que ça fait
partie de mon charme) et la mauvaise foi m’ont fait penser des horreurs au
sujet d’un groupe qui n’en méritait peut-être
pas tant que ça. Peut-être ?
Oui : J.C. Satàn a beau être un groupe originaire de Bordeaux (mais pas que), ce qui entre nous n’est pas pire que d’être montpelliérain ou lyonnais, il mérite malgré tout une demi-seconde d’honnêteté. Et une chronique. Les temps changent et les modes aussi alors ne parlons même pas des gens. Par exemple jamais je n’aurais cru possible qu’en 2018 Asia Argento deviendrait fanatique – et chanteuse guest – d’Indochine ni que mon pote le crust à patchs irait boire des bières dans un bar du centre-ville sous prétexte de regarder la finale de la coupe du monde de foot sur un écran plat et qu’il finirait tout nu sur les tables avec un drapeau tricolore sur ses fesses tatouées – OK, je viens de changer de sujet… Et pendant ce temps là J.C. SATÀN a quand même publié son cinquième album.
Oui : J.C. Satàn a beau être un groupe originaire de Bordeaux (mais pas que), ce qui entre nous n’est pas pire que d’être montpelliérain ou lyonnais, il mérite malgré tout une demi-seconde d’honnêteté. Et une chronique. Les temps changent et les modes aussi alors ne parlons même pas des gens. Par exemple jamais je n’aurais cru possible qu’en 2018 Asia Argento deviendrait fanatique – et chanteuse guest – d’Indochine ni que mon pote le crust à patchs irait boire des bières dans un bar du centre-ville sous prétexte de regarder la finale de la coupe du monde de foot sur un écran plat et qu’il finirait tout nu sur les tables avec un drapeau tricolore sur ses fesses tatouées – OK, je viens de changer de sujet… Et pendant ce temps là J.C. SATÀN a quand même publié son cinquième album.
Centaur
Desire est un album plus produit que les précédents ; le
son y est moins sale, plus lisible, plus carré sur les bords et plus rond dans
les angles et le groupe a gagné en onctuosité ce qu’il a apparemment perdu en rudesse.
Toutes proportions gardées, bien sûr : J.C. Satàn n’est pas devenu un arpenteur multivitaminé sport et jus
de fruits de la bande FM – oui, ceci est bien une référence à la technologie florissante
des années 80 – et derrière le glacis un peu plus lubrifié et goût vanille de
ce Centaur Desire rien ne semble au
fond avoir réellement changé (mis à part le départ de la bassiste et la
batterie qui dorénavant est jouée pour de vrai, sans avoir recours à des
machines, ce qui apporte un vrai plus au son général du groupe).
Disons que le côté abrupt de la musique
de J.C. Satàn cède
avantageusement la place à un surplus d’efficacité. Ce qui n’est absolument pas
un gros mot lorsqu’on écoute des titres tels que I Won’t Come Back et Centaur
Desire qui ouvrent la première face du disque – et quelle belle entrée en
matière ! Une efficacité d’autant plus renversante au fur et à mesure de l’écoute
l’album, lorsqu’on s’aperçoit qu’elle n’affecte pas et renforce plutôt le côté
tordu, noir et même vitriolé mais aussi le côté pysché-banana de J.C. Satàn : la guitare crache
autant sa fuzz dégueulasse sur fond de riffs accrocheurs ou de solos
tourneboulés et le chant – masculin mais surtout féminin – distille son poison
vénéneux et charmeur avec toute le panache nécessaire.
On entend désormais ce à quoi on avait
jusqu’ici jamais réellement porté attention dans la musique de J.C. Satàn, du moins pas à ce point là.
Une sensualité pas loin d’être exquise si elle ne portait pas aussi toute cette
gravité et un petit supplément de groove entrainant qui supplante la
nonchalance et la légèreté d’avant. Oui, bon, OK, je l’admets, J.C. Satàn n’a jamais vraiment été un
groupe léger non plus mais plutôt un groupe d’apparence insouciante – tout
comme le comique dépressif préfère faire rire les autres aux éclats plutôt que
de s’avouer vaincu par ses propres démons. Regardez bien la bouille hilare du
centaure qui orne la pochette de l’album (on dirait une sculpture,
non ?) : on ne sait pas si notre ami à quatre pattes est
définitivement complètement défoncé à la fuzz psychédélique ou s’il ricane
parce qu’il nous a pris dans ses filets et qu’il va nous dévorer tout crus tout
nus dans pas longtemps. Sûrement un peu des deux.