mardi 10 juillet 2018

Gay Witch Abortion - The Grasshopper Lies Heavy / split


Basé à Minneapolis et existant depuis 2000, Learning Curve records est un label formidable qui a sorti une grosse soixantaine de références parmi lesquelles on croise grands et petits noms de la noise et/ou du punk cradingue made in U.S. (Sicbay, Vaz, The Blind Shake, Disasteratti, Hawks, Hammerhead, Animal Lover) mais également quelques formations anglaises (Henry Blacker, Blacklisters, Hands Up Who Want To Die). Les dernières parutions du label portent les noms de Plaque Marks (avec des bouts de Fight Amp dedans !) et, plus récemment encore, de Tongue Party ou Bummer.
Peut-être arriverai-je à parler correctement de tout ça un jour... en tous les cas voilà une énumération impressionnante qui donne à comprendre que Learning Curve montre une prédisposition certaine pour le lourd et le gras : ce n’est donc pas ce split album partagé par Gay Witch Abortion et The Grasshopper Lies Heavy qui me contredira. Amateur de finesse tu peux tout de suite arrêter ta lecture tant qu’il en est encore temps et t’occuper autrement en passant l’aspirateur dans ta chambre (par exemple).






GAY WITCH ABORTION est un duo guitare et voix / batterie qui aime foutre le bordel mais dont les disques ont souvent tendance à s’essouffler  rapidement. Je suis cependant à peu près certain qu’un concert de ces deux gugusses doit valoir son pesant de houblon transpiré et de crétinerie assumée, la musique de Gay Witch Abortion s’y prêtant tout à fait. Mais à écouter à la maison ce n’est pas tout à fait la même chose. Le principal fait d’armes du groupe n’est pas à chercher du côté des albums Maverick et Opportunistic Smokescreen Behavior mais d’un 10’ sorti en 2014 et enregistré à trois : comme son nom l’indique The Halo Of Flies Sessions a en effet bénéficié de la collaboration de ce vieux cochon carnivore et misogyne de Tom Hazelmyer qui s’y connait pour remonter le niveau à grand coup de basse bien épaisse et bien mastoc.
Une basse c’est logiquement ce qui manque toujours et encore sur les cinq nouveaux titres de ce split proposés par Gay Witch Abortion bien que le format relativement court d’une face de 12’ convienne largement mieux au duo. Le presque meilleur (le fébrile Wagon Train, les très courts Summon The Creeps et Bullies) côtoie le plus ennuyeux (le trop disparate Thagomizer et le prévisible Organ Pillage). Ce n’est pas encore inoubliable et indispensable mais je dois avouer qu’il y a quand même une amélioration : après tout trois titres acceptables sur cinq c’est déjà plus que la moyenne. 




Je ne connaissais pas du tout THE GRASSHOPPER LIES HEAVY, groupe texan qui revendique déjà un nombre conséquent de réalisations depuis sa création il y a sept ans. Qu’importe. Avec ce nom tiré d’un célèbre roman de Philip K. Dick – dans Le Maitre Du Haut Château (1962) il est question d’un livre dans le livre, Le Poids De La Sauterelle, servant de fondement/pivot à l’uchronie imaginée par Dick – je ne m’attendais à rien en particulier de la part de The Grasshopper Lies Heavy et j’avais plutôt raison : je n’en ai été que plus agréablement surpris.
Crocodile Tears est un instrumental chargé en noise rock alourdi par une basse imposante (ha !) tandis que Hide Your Keys est du meilleur effet en lorgnant du côté d’un Unsane crépitant ; Teeth reste dans la même veine, juste en un peu moins percutant mais en plus vicieux ; Five est un deuxième instrumental et malgré son intro ultra oppressante The Grasshopper Lies Heavy s’y montre finalement plus mélodique derrière sa démonstration de hardcore noise couillu et puissant (et toujours cette grosse basse !). Tout ceci me donne invariablement l’envie d’écouter tous les autres disques du groupe et plus vite que ça. Le ménage et l’aspirateur peuvent bien attendre.