Basé à Minneapolis et existant depuis
2000, Learning Curve records est un label formidable qui a sorti une grosse
soixantaine de références parmi lesquelles on croise grands et petits noms de
la noise et/ou du punk cradingue made in U.S. (Sicbay, Vaz, The Blind
Shake, Disasteratti, Hawks, Hammerhead, Animal Lover) mais également quelques
formations anglaises (Henry Blacker, Blacklisters, Hands Up Who Want To Die). Les
dernières parutions du label portent les noms de Plaque Marks (avec des bouts
de Fight Amp dedans !) et, plus récemment encore, de Tongue Party ou
Bummer.
Peut-être arriverai-je à parler
correctement de tout ça un jour... en tous les cas voilà une énumération impressionnante qui
donne à comprendre que Learning Curve montre une prédisposition certaine pour
le lourd et le gras : ce n’est donc pas ce split album partagé par Gay
Witch Abortion et The Grasshopper
Lies Heavy qui me contredira. Amateur de finesse tu peux tout de suite
arrêter ta lecture tant qu’il en est encore temps et t’occuper autrement en passant
l’aspirateur dans ta chambre (par exemple).
GAY WITCH ABORTION est un duo guitare et voix / batterie
qui aime foutre le bordel mais dont les disques ont souvent tendance à
s’essouffler rapidement. Je suis cependant
à peu près certain qu’un concert de ces deux gugusses doit valoir son pesant de
houblon transpiré et de crétinerie assumée, la musique de Gay Witch Abortion s’y prêtant tout à fait. Mais à écouter à la
maison ce n’est pas tout à fait la même chose. Le principal fait d’armes du
groupe n’est pas à chercher du côté des albums Maverick et Opportunistic
Smokescreen Behavior mais d’un 10’ sorti en 2014 et enregistré à
trois : comme son nom l’indique The
Halo Of Flies Sessions a en effet bénéficié de la collaboration de ce vieux
cochon carnivore et misogyne de Tom Hazelmyer qui s’y connait pour remonter le
niveau à grand coup de basse bien épaisse et bien mastoc.
Une basse c’est logiquement ce qui
manque toujours et encore sur les cinq nouveaux titres de ce split proposés par
Gay Witch Abortion bien que le
format relativement court d’une face de 12’ convienne largement mieux au duo.
Le presque meilleur (le fébrile Wagon
Train, les très courts Summon The
Creeps et Bullies) côtoie le
plus ennuyeux (le trop disparate Thagomizer
et le prévisible Organ Pillage). Ce
n’est pas encore inoubliable et indispensable mais je dois avouer qu’il y a
quand même une amélioration : après tout trois titres acceptables sur cinq
c’est déjà plus que la moyenne.
Je ne connaissais pas du tout THE GRASSHOPPER LIES HEAVY, groupe texan qui revendique déjà
un nombre conséquent de réalisations depuis sa création il y a sept ans.
Qu’importe. Avec ce nom tiré d’un célèbre roman de Philip K. Dick – dans Le Maitre Du Haut Château (1962) il est
question d’un livre dans le livre, Le
Poids De La Sauterelle, servant de fondement/pivot à l’uchronie imaginée
par Dick – je ne m’attendais à rien
en particulier de la part de The
Grasshopper Lies Heavy et j’avais plutôt raison : je n’en ai été que
plus agréablement surpris.
Crocodile
Tears est un instrumental chargé en noise rock alourdi
par une basse imposante (ha !) tandis que Hide Your Keys est du meilleur effet en lorgnant du côté d’un
Unsane crépitant ; Teeth reste
dans la même veine, juste en un peu moins percutant mais en plus vicieux ; Five est un deuxième instrumental et
malgré son intro ultra oppressante The
Grasshopper Lies Heavy s’y montre finalement plus mélodique derrière sa démonstration de hardcore noise couillu et puissant (et toujours cette grosse
basse !). Tout ceci me donne invariablement l’envie d’écouter tous les
autres disques du groupe et plus vite que ça. Le ménage et l’aspirateur peuvent
bien attendre.