Loin des yeux et loin du cœur :
j’avais presque oublié l’existence de YOUNG WIDOWS, excellent trio de Louisville (Kentucky, US) formé
en 2006 sur les cendres encore toutes chaudes des non moins excellents Breather
Resist, l’un des rares groupes de hardcore choatique et matheux du début des
années 2000 encore écoutable aujourd’hui… j’avais presque oublié l’existence de
Young Widows alors que j’ai
fut un temps énormément aimé ce groupe dont la discographie a largement divisé les
amateurs. D’un côté la ligne dure avec les adorateurs du deuxième et
insurpassable album Old Wounds (2008,
chez Temporary Residence) et de l’autre les passionnés de In And Out Of Youth And Madness, album de la « rupture » et de la déception publié en 2011.
J’étais donc du côté des premiers et je
le suis toujours. Bien que Easy Pain
paru en 2014 et successeur direct de In
And Out Of Youth And Madness ait lui fini par trouver grâce à mes oreilles,
sorte de compromis et d’hybride réussi entre ses deux prédécesseurs
susmentionnés. Ce qui, quelques années après, m’a peu à peu conduit à réévaluer en
douceur In And Out Of Youth And Madness
bien qu’à mon sens il ne tienne toujours pas sur la longueur et bien qu’il me
rappelle au passage un concert du groupe ennuyeux au possible. Je peux maintenant avouer qu’avec
ce troisième album Young Widows
était rentré dans la fameuse catégorie des formations musicales que l’on adore
détester, cette petite case exigüe et à géométrie variable mais qui cependant
contient beaucoup de monde.
Young Widows a failli moisir très longtemps au purgatoire. Tout simplement parce que le trio n’a que très peu voire pas du
tout donné de ses nouvelles depuis 2014 et, en ce qui me concerne, a donc
failli tomber dans l’oubli. Jusqu’à cette année 2018 où Young Widows a décidé de fêter le dixième anniversaire de Old Wounds avec une série de concerts
américains et l’intention d’y jouer l’intégralité de cet album. Une bonne façon
de se remettre en selle et de tenter de refaire parler de lui.
Parallèlement Temporary Residence a décidé de publier une compilation intitulée Decayed – Ten Years Of Cities, Wounds, Lightness And Pain. Un double vinyle regroupant singles, splits et inédits collectés sur les dix premières années d’existences de Young Widows. Mais il ne s’agit pas d’une intégrale et je vais commencer par ce qui ne figure pas dessus : les trois titres parus sur le split avec Helms Alee en 2014 chez Sargent House ; le titre des Scion Sessions avec Coliseum et TV Freaks en 2012 ; les trois reprises de Nirvana enregistrées pour les tributes publiés par Robotic Empire (OK : la parution de ces tributes s’étale entre 2014 et 2016…). Par contre il y a tout le reste et ce qui est intéressant c’est que Decayed – Ten Years Of Cities, Wounds, Lightness And Pain remonte dans le temps, allant de 2014 à 2004, du plus récent au meilleur pour finir aux débuts du groupe, lorsqu’il n’avait pas encore totalement trouvé sa voie.
Parallèlement Temporary Residence a décidé de publier une compilation intitulée Decayed – Ten Years Of Cities, Wounds, Lightness And Pain. Un double vinyle regroupant singles, splits et inédits collectés sur les dix premières années d’existences de Young Widows. Mais il ne s’agit pas d’une intégrale et je vais commencer par ce qui ne figure pas dessus : les trois titres parus sur le split avec Helms Alee en 2014 chez Sargent House ; le titre des Scion Sessions avec Coliseum et TV Freaks en 2012 ; les trois reprises de Nirvana enregistrées pour les tributes publiés par Robotic Empire (OK : la parution de ces tributes s’étale entre 2014 et 2016…). Par contre il y a tout le reste et ce qui est intéressant c’est que Decayed – Ten Years Of Cities, Wounds, Lightness And Pain remonte dans le temps, allant de 2014 à 2004, du plus récent au meilleur pour finir aux débuts du groupe, lorsqu’il n’avait pas encore totalement trouvé sa voie.
La compilation démarre donc avec The Money et In My Living Room, deux compositions originellement issues d’un
single bonus accompagnant le premier tirage de l’album Easy Pain. C’est loin d’être le tout meilleur de Young Widows mais ces deux titres
rappellent cependant qu’en 2014 le trio avait réussi à trouver un bon compromis
entre la fébrilité noise de ses débuts et quelque chose de plus mélancolique et
de plus sombre. Dans le genre il s’agit même d’une réussite. Suivent une
poignée d’inédits. Si on suit la logique rétrochronologique de Ten Years Of Cities, Wounds, Lightness And
Pain ceux-ci ont été enregistrés quelques part entre les albums Easy Pain et In And Out Of Youth And Madness. Ce sont presque tous de bons
morceaux (à l’exception de Uptight And
Tangled vraiment trop plan-plan) à tel point qu’il est difficile de
comprendre pourquoi ils n’ont jamais été publiés auparavant. Peut-être parce
qu’ils n’auraient pas correspondu à la cohérence souhaitée des albums auxquels
ils auraient pu être rattachés. Il est vrai également que Rolling As A Forgiver et sa guitare jouée en slide ainsi que le
trépident Checked In/Out n’auraient pas
démérité sur single.
Mais poursuivons notre inventaire. Cela
se gâte franchement avec Rose Window,
titre figurant sur la face B de Future
Heart, 45 tours ayant précédé la parution de And Out Of Youth And Madness et parfaitement à l’image de celui-ci :
mollasson, produit sans imagination et ennuyeux à la longue. Finalement
l’ultime témoignage que ce troisième album de Young Widows est, dans le meilleur des cas, un coup d’épée dans
l’eau et en enlisement progressif dans le soporifique. Heureusement on ne
trouvera ici pas d’autres extraits relatifs à cette période et à cet album. Au
contraire les quatre titres suivants sont ceux figurant sur les split singles
publiés à l’époque de Old Wounds (une
fois assemblées ensemble les pochettes de ces quatre disques reproduisent un
visuel proche de celui de l’album). Les autres faces étaient occupées par des
groupes amis et admirés, toujours très différents du trio : Bonnie Prince
Billy, Pelican, Melt Banana et My Disco. Côté Young Widows Easy Acting,
Long Live The New Weight, Mid Western et King Of The Back Burners, s’ils ne sont peut-être pas totalement à
la hauteur de Old Wounds, restent
très représentatifs de l’excellence d’un groupe volcanique et sombre alors en pleine
ascension et au sommet de sa créativité.
La suite pourrait quasiment constituer une découverte puisqu’il s’agit de la version initiale de Swamped And Agitated figurant sur un split partagé avec Plows (2007). Voilà une composition abrasive et puissante, un titre de noise rock tiré par le haut par une guitare imaginative, une basse imposante, une batterie toute en roulements et un chant il est vrai pas très délicat. Ce n’est pas encore la grande classe qui viendra tout de suite après (Young Widows réenregistrera Swamped And Agitated pour l’album Old Wounds dans une version plus aboutie et surtout sonnant de bien meilleure façon) mais on frise la perfection et on s’éloigne déjà beaucoup des débuts du trio représentés par les deux titres suivants, Future Plans et Baryton #3, deux titres issus d’un split avec Coliseum publié en 2006 par Relapse (!) et qui malgré quelques avancées portent encore quelques petites scories de l’époque Breather Resist.
Au moins tout le monde sera d’accord sur un point : Young Widows possède une discographie
assez étendue, riche et diversifiée de quatre albums tous différents les
uns des autres. Une discographie que Decayed
– Ten Years Of Cities, Wounds, Lightness And Pain documente de la plus
belle façon en remontant intelligemment le cheminement d’un groupe qui a su
sortir de son carcan et faire évoluer son noise rock torturé, y compris en
prenant le risque de parfois se tromper. Young
Widows reste plus que jamais un groupe à (re)découvrir et il n’est absolument
pas trop tard pour cela. Cette compilation peut bien entendu y aider mais sinon
je suggère évidemment les écoutes attentives et répétées des albums Easy Pain et surtout Old wounds qui à lui seul démontre que Young Widows est un groupe qui mérite
de ne jamais – jamais – tomber dans l’oubli.