Mouhaha hahaha haha ! J’ai écouté –
plusieurs fois quand même – le nouvel album de The Body : mais que de
chemin parcouru dites-moi ! Sans déconner... Attendu comme le messie, I Have Fought Against It, But I Can’t Any Longer est donc la dernière livraison de ce très
prolifique duo de metal expérimental*
basé à Portland, Oregon. Deux américains qui depuis leurs premiers
enregistrements en 2004** ont régulièrement défrayé la chronique, et ce souvent
à juste titre. Et ils devraient continuer à le faire avec ce I Have Fought Against It, But I Can’t Any
Longer qui divisera ce pauvre monde survivaliste en trois catégories
distinctes : celles et ceux qui s’en fouteront complètement (largement
majoritaires et je crois qu’ils auront raison) ; celles et ceux qui adoreront et
salueront l’intrépidité inventive d’un groupe définitivement pas comme les
autres ; et, pour finir, celles et ceux qui détesteront tellement cet
étron musical incomparable qu’ils n’auront d’autre solution que d’en rire un
bon coup avant de passer rapidement à autre chose – c’est vrai quoi, on trouve
tellement de chouettes groupes et de disques réussis de par le monde alors
pourquoi s’emmerder et perdre son temps avec celui-ci ?
Donc je disais : The Body n’est pas
un groupe comme les autres. Ou plus
exactement c’est Thrill Jockey, le label régulier de The Body depuis quelques années
déjà, qui affirme fièrement dans la bio officielle du groupe absolutely no one makes music like The Body. Rien que ça… Je ne
vais pas oser contredire totalement ce prestigieux label de Chicago, capable de produire
le meilleur comme le pire***, et plutôt nuancer une telle assertion, en deux temps. Parce qu’effectivement personne ne se hasarde à faire de la musique telle que celle de The Body – et c’est tant mieux, si j’ose dire. Premièrement
il est vrai qu’il ne nous est pas tous les jours donné de pouvoir écouter un
disque de métallurgistes déviants aussi boursouflé que prétentieux.
Deuxièmement I Have Fought Against It,
But I Can’t Any Longer n’est pas vraiment un disque mais l’agglomération
numérique de beaucoup trop de choses guère appétissantes voire totalement
inintéressantes : un mélange metal digital + indus de pacotille + grandiloquence et théâtralité suffisantes + luisance informatique + radicalité en plastique – et donc on peut en déduire que I Have Fought Against It, But I Can’t Any
Longer n’est pas du tout de la musique vivante mais un artefact musical et conséquemment que The Body n’est désormais plus un vrai groupe mais une entité stérile et complètement détachée de l’humain (et si c’est fait exprès alors au
moins ça c’est réussi).
Je ne remets absolument pas en cause le choix
de The Body qui travaille désormais davantage sur des machines que sur ses
instruments d’origine (guitare, batterie et voix). La bidouille et la bricole
au contraire ça me connait. Mais il n’y a réellement ici ni bidouille ni
bricole. Que de la musique hachée puis recomposée, extrudée et finalement clusterisée****.
Donc aucun mystère, aucune poésie – ça, on s’en serait douté, cela n’a de toute
façon jamais été le crédo de The Body –, aucune profondeur, aucune imagination
et aucune âme. I Have Fought Against It,
But I Can’t Any Longer est un disque totalement désincarné, creux et vain,
patchwork stéréotypé et ridicule d’electro-indus et de noise tribal. On y retrouve pêle-mêle un peu de
Nitzer Ebb, beaucoup de In Slaughter Natives période Sacrosancts Bleed, des sonorités electro que même les plus mauvais
groupes d’Hymen records ou d’Ad Noiseam n’ont jamais osé utiliser, de la
saturation tellement propre sur elle que l’on peut se voir dedans, du piano
larmoyant, du chant féminin***** qui ferait presque regretter que Jarboe ne chante
plus dans les Swans… quel mélange écœurant et indigeste******. Honnêtement les
gars, cela me ferait réellement plaisir que vous vous décidiez à lâcher vos
consoles de jeu cinq minutes pour reconsidérer un peu plus sereinement vos
envies et votre avenir. Bisous.
* expérimetal
?
** mais si j’en crois ce très
recommandable Collected Works,
version rallongé d’un Anthology paru
en 2011, les premiers témoignages de The Body dateraient plutôt de 2003
**** de cluster, l’unité de stockage de
fichier informatique, aucun rapport donc avec le génial groupe allemand Cluster
***** certes il y a depuis longtemps du chant féminin dans la musique de The Body mais cette fois-ci celui-ci peine franchement à se débarrasser de toute niaiserie, phénomène déjà beaucoup trop encombrant sur No One Deserves Happiness, précédent album du duo
***** certes il y a depuis longtemps du chant féminin dans la musique de The Body mais cette fois-ci celui-ci peine franchement à se débarrasser de toute niaiserie, phénomène déjà beaucoup trop encombrant sur No One Deserves Happiness, précédent album du duo
****** on dirait même un film de
Christopher Nolan, tiens