Gnod only knows : ce qu’il y a de vraiment bien avec GNOD,
c’est qu’à chaque nouvel album de ce groupe à géométrie variable originaire de
Salford (Royaume Uni), on ne sait jamais trop à quoi s’attendre exactement. Et
ce qu’il y a d’encore mieux c’est que l’on n’est finalement jamais déçu. Gnod est cependant du genre hyper
prolifique, publiant au moins un nouvel album par an que ce soit sous son
propre nom ou en collaboration (principalement à ses débuts avec les new-yorkais
de White Hills). Et avec pas moins d’une vingtaine de longs formats sortis
depuis 2007 on aurait pu logiquement s’attendre à
quelques baisses de régime, des albums remplissages (publié en 2015 Infinity Machine est tout de même un
triple album …), des gros plans foutage-de-gueule et bien la réponse est
définitivement… non. Et encore non.
Beaucoup ont découvert Gnod via les albums Mirror (2016) et Just Say No To The Psycho Right-Wing Capitalist Fascist Industrial Death Machine (2017) et il s’agit là sûrement des disques les plus carrés du groupe, si j’ose dire. C’est à dire avec beaucoup de guitares qui jouent des riffs plus ou moins identifiables et des structures qui ressembleraient presque à des chansons (j’ai dit presque). Mirror évolue en outre vers une lourdeur quasi industrielle proche des vieux Swans tandis que Just Say No rappelle le Terminal Cheesecake des débuts. Lesquels Terminal Cheesecake servent à juste titre et très souvent de comparaison avec Gnod ne serait-ce que parce que les deux groupes ont un membre en commun : le jeune, facétieux et très déluré Neil Francis. Mais ce n’est pas tout, Gnod partage avec ses illustres et incontournables ainés le même goût pour l’expérimentation, les acrobaties sans filet de protection et le psychédélisme déviant, quoi que sur ce dernier point Gnod s’avère désormais être insurpassable dès qu’il s’agit de mélanger spirales psychotropes, lourdeur anabolisante et déflagrations hallucinogènes.
Chapel Perilous, tout dernier album en date de Gnod, n’échappe pas à cette règle fondamentale. Sauf que, fidèle à ses petites habitudes, le groupe a justement fait comme s’il n’en avait pas vraiment et a enregistré un disque encore une fois différent des précédents tout en persistant à l’inscrire quand même dans la logique foutraque et barrée du groupe. La même chose mais autrement. Ici et ailleurs en même temps. Cette fois-ci on note un retour certain des sonorités bidouillées et inidentifiables. Passé le très épique et apocalyptique Donovan’s Daughters qui joue parfaitement le rôle de porte-étendard, Chapel Perilous s’enfonce le temps des trois titres suivants dans une sorte de dub glacial et malsain prenant des allures de torsion industrielle tourmentée. Europa, Voice From Nowhere et A Body fonctionnent ensemble, suite apoplexique transformant tout le milieu de Chapel Perilous en une longue déambulation cauchemardesque aux sonorités réfrigérées et aux résonances angoissantes. Uncle Frank Says Turn It Down vient clore l’album et marque le retour à la normale ou plutôt le retour aux guitares spasmodiques et autres rythmes martelés, faisant a posteriori la jonction avec Just Say No To The Psycho Right-Wing Capitalist Fascist Industrial Death Machine. Ce n’est pas la meilleure composition de Chapel Perilous (la meilleure étant indéniablement Donovan’s Daughters) ni la meilleure composition de Gnod tout court mais elle opère comme un retournement du groupe sur lui-même, le rappel de certains fondamentaux psyche-noise.
Beaucoup ont découvert Gnod via les albums Mirror (2016) et Just Say No To The Psycho Right-Wing Capitalist Fascist Industrial Death Machine (2017) et il s’agit là sûrement des disques les plus carrés du groupe, si j’ose dire. C’est à dire avec beaucoup de guitares qui jouent des riffs plus ou moins identifiables et des structures qui ressembleraient presque à des chansons (j’ai dit presque). Mirror évolue en outre vers une lourdeur quasi industrielle proche des vieux Swans tandis que Just Say No rappelle le Terminal Cheesecake des débuts. Lesquels Terminal Cheesecake servent à juste titre et très souvent de comparaison avec Gnod ne serait-ce que parce que les deux groupes ont un membre en commun : le jeune, facétieux et très déluré Neil Francis. Mais ce n’est pas tout, Gnod partage avec ses illustres et incontournables ainés le même goût pour l’expérimentation, les acrobaties sans filet de protection et le psychédélisme déviant, quoi que sur ce dernier point Gnod s’avère désormais être insurpassable dès qu’il s’agit de mélanger spirales psychotropes, lourdeur anabolisante et déflagrations hallucinogènes.
Chapel Perilous, tout dernier album en date de Gnod, n’échappe pas à cette règle fondamentale. Sauf que, fidèle à ses petites habitudes, le groupe a justement fait comme s’il n’en avait pas vraiment et a enregistré un disque encore une fois différent des précédents tout en persistant à l’inscrire quand même dans la logique foutraque et barrée du groupe. La même chose mais autrement. Ici et ailleurs en même temps. Cette fois-ci on note un retour certain des sonorités bidouillées et inidentifiables. Passé le très épique et apocalyptique Donovan’s Daughters qui joue parfaitement le rôle de porte-étendard, Chapel Perilous s’enfonce le temps des trois titres suivants dans une sorte de dub glacial et malsain prenant des allures de torsion industrielle tourmentée. Europa, Voice From Nowhere et A Body fonctionnent ensemble, suite apoplexique transformant tout le milieu de Chapel Perilous en une longue déambulation cauchemardesque aux sonorités réfrigérées et aux résonances angoissantes. Uncle Frank Says Turn It Down vient clore l’album et marque le retour à la normale ou plutôt le retour aux guitares spasmodiques et autres rythmes martelés, faisant a posteriori la jonction avec Just Say No To The Psycho Right-Wing Capitalist Fascist Industrial Death Machine. Ce n’est pas la meilleure composition de Chapel Perilous (la meilleure étant indéniablement Donovan’s Daughters) ni la meilleure composition de Gnod tout court mais elle opère comme un retournement du groupe sur lui-même, le rappel de certains fondamentaux psyche-noise.
Il serait pourtant faux de considérer Chapel Perilous comme un album
bancal. Il a juste le (petit) défaut de commencer par l’un des trucs les plus
barges et en même temps efficaces jamais balancé par Gnod dans nos petites oreilles. Moins homogène et moins
monolithique qu’un Mirror ou qu’un Just Say No, Chapel Perilous propose un large éventail de soubresauts
bruitistes, de spasmes psychédéliques et d’expérimentations réfrigérées si chers
au groupe. Gnod n’a jamais tenté de
prouver quoi que ce soit – et depuis le temps n’aurait en définitive plus rien
du tout à prouver – et continue tout simplement de faire, sans se poser plus de
questions. La liberté n’a pas de prix.