jeudi 29 mars 2018

La Chasse / Noir Plus Noir Que le Noir






Le cas de La Chasse pourrait paraitre beaucoup plus simple que celui de FUTUR.s MORT.s tout récemment évoqué : des coyotes qui hurlent à la mort, une basse bourrée de flanger et surtout de lourdeur, une batterie minimale, lente et tribale, deux filles sans pitié qui lancent des invocations maléfiques en vociférant comme des sorcières autour du cadavre d’un mâle sacrifié pour la bonne cause (et donc qui braillent beaucoup plus fort que n’importe quel coyote en rut) et des samples qui rappellent élégamment que la chasse n’est pas un « sport » comme les autres mais une activité très dangereuse propice aux règlements de comptes entre frères ennemis et aux névroses familiales trop difficilement refoulées. Noir c’est noir.
Mais pourquoi parler de ce premier album maintenant, presque une année après sa publication ? Parce qu’avec La Chasse on tient encore un groupe qui fait avec ce qu’il a et rien d’autre, lorgne inévitablement vers des musiques du siècle dernier (en gros : les années 80 mais dans ce qu’elles ont pu avoir de plus sale, de plus rampant et de plus bruyant – ici pas de clinquant, pas de strass ni de prétention en paillettes ) et recrache le truc en l’air comme un glaviot verdâtre et avec une agilité carnassière qui rendrait fous de jalousie David Lee Roth, Kanye West, Franck Ribery, Vladimir Poutine et tous les mâles dominants – ahem – de la terre. Ça suinte, ça pègue, ça trifouille du côté goth de la face cachée du petit monde de l’underground, ça fait mal, ça donne envie de danser comme un zombi et c’est tout simplement réjouissant. Mais ce n’est pas non plus dénué d’une certaine poésie brute, à la limite du grand macabre.
Faisant suite (entre autres) à une
cassette splittée avec Cancer et dont on retrouve ici à peine deux ou trois titres réenregistrés, Noir Plus Noir Que Le Noir s’adresse avant tout à nos sens et reste l’envoutant témoignage d’une transe surnaturelle et magique. Enregistré tout bien comme il faut par Seb Normal à Gigors Electric puis masterisé tout bien comme il faut également par Julien Louvet de The Austrasian Goat (not dead) / 213 records, cet album est donc servi par une production et un son à la hauteur, je veux dire qu’il fallait au moins ça au minimalisme rigide des incantations de Noir Plus Noir Que Le Noir, album sans cesse sur le fil des sortilèges.  

[Noir Plus Noir Que Le Noir a été publié en LP par 213 records, Donnez-Moi Du Feu, Et Mon Cul C’est Du Tofu ?, Katatak, Mammouth, Tremblements Essentiels – pour ces deux derniers labels je n’ai pas trouvé de lien vers un éventuel site, désolé]